jeudi 27 janvier 2022

« Les salaires, nerf de la guerre », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.



Quel aveuglement! Il aura fallu une enquête dopinion pour que le pouvoir macroniste découvre la lune: la première priorité des Français, cest de savoir comment ils vont boucler leurs fins de mois. Voilà le scoop qui vient bousculer les salles de rédaction des grands médias, s’affolant des «mesures dépensières» du gouvernement en faveur du «pouvoir dachat». Cet affreux concept, qui permet à un ministre de l’Éducation de raconter que les allocations de rentrée scolaire servent «à acheter des écrans plats», masque l’enjeu fondamental de toute politique: la répartition des richesses au cœur des conditions de vie, ou de survie, de lhumanité.

C’est précisément cet enjeu que veut esquiver le président-candidat avec ses «chèques» électoralistes distribués ici où là pour étouffer la colère, pansements sur une jambe de bois, pour ne surtout pas sattaquer aux profits, ni à laugmentation des salaires. Cest pourtant le mot dordre de la journée de grève interprofessionnelle d’aujourd’hui: augmentation du Smic, des pensions et des minima sociaux, revalorisation des salaires dans le privé comme dans le public. L’Élysée pourra découvrir dans nos colonnes combien lidée simpose dans la société française: selon notre sondage, 80 % des Français estiment justifiées les revendications des syndicats qui appellent à la grève. Et l’idée s’impose partout en Europe. L’Espagne devrait augmenter le salaire minimum de 3,6 % cette année, le Royaume-Uni de 7 % au printemps et l’Allemagne, de 25 % en octobre prochain. Aux oubliettes, et tant mieux, l’argument de la sacro-sainte « compétitivité » des travailleurs pour justifier de tirer les salaires vers le bas.

Ce changement de cap majeur de politique économique chez certains de nos voisins européens ouvre une brèche intéressante. Seul Emmanuel Macron demeure fidèle à ces vieilles lunes néolibérales et continue d’expliquer qu’avec lui, «le travail paie mieux». Pourtant, une étude de lInstitut des politiques publiques démontre que le 1 % des plus riches ont vu leur niveau de vie augmenter sous son quinquennat, quand les 5 % les plus modestes en sont les grands perdants. Encore des chiffres posés sur une réalité que le président des riches ne veut pas voir.

Seul Emmanuel Macron demeure fidèle à ces vieilles lunes néolibérales et continue d’expliquer qu’avec lui, «le travail paie mieux».

              

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