Le gouvernement pensait avoir calmé la colère des Français en dégainant un chèque « inflation » de 100 euros en décembre 2021. Mais, faute de prendre le problème à bras-le-corps, la hausse vertigineuse des prix de l’énergie vient de nouveau lui mordre les mollets. Poussée par l’envolée des cours du pétrole, la facture à la pompe ne cesse de grimper depuis le début de l’année. Le litre de gazole a dépassé pour la première fois 1,60 euro, bien au-dessus du 1,53 euro qui avait précipité la crise des gilets jaunes en 2018. Même tendance concernant l’électricité, dont la facture, indexée sur le marché du gaz, aurait dû grimper de 35 % au 1er février. Contrairement aux insinuations de l’exécutif, les difficultés de pouvoir d’achat des Français n’ont rien d’un simple « ressenti ». Elles sont une réalité quotidienne, notamment pour les plus précaires.
Face à cette situation, un premier constat s’impose : celui de
l’impuissance du gouvernement à trouver des réponses de long terme. Décidées à
la suite du mouvement des gilets jaunes, les suppressions de hausse de la taxe
carbone et autres manœuvres dilatoires n’ont rien changé sur le fond. Quatre
ans plus tard, le compte n’y est pas pour les ménages. Pis, pour contenir la
hausse des prix du courant à 4 % en 2022, le gouvernement exige d’EDF
qu’il augmente de 20 % le volume d’électricité nucléaire vendu à prix
bradé à ses concurrents exsangues. Soit huit milliards spoliés à l’entreprise
publique pour maintenir sous respirateur artificiel le marché « libéralisé » et
camoufler l’échec patent de l’ouverture à la concurrence. Un tour de
passe-passe dénoncé par les salariés de l’entreprise, en grève le
26 janvier.
L’énergie ne peut rester
prisonnière de ces logiques mercantiles et des aléas géopolitiques. Ce bien de
première nécessité mérite une politique de grande ampleur. Lutter contre la
hausse des prix des carburants passe par une action ambitieuse sur la
fiscalité, le développement et la gratuité des transports collectifs, la
taxation des grands groupes pétroliers… L’électricité, elle, doit être soumise
à une maîtrise publique pleine et entière, hors du marché. Des mesures d’une
tout autre ambition que cette politique des petits chèques à visée électorale.
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