vendredi 28 janvier 2022

L’augmentation des salaires fait vibrer le pavé.

 


Mobilisations Plus de 150 000 salariés et retraités ont défilé, jeudi, au cours de 170 rassemblements, à l’appel de la CGT, FO, la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse. Un temps fort social pour placer la revendication d’une hausse générale des rémunérations au cœur de la campagne.

 

Sur la place de la Bastille, les ballons géants aux couleurs des syndicats ont poussé comme des champignons. À deux pas de la Seine, les manifestants se dissimulent au travers de centaines de drapeaux brandis au vent. À l’appel de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires et des organisations de jeunesse, des milliers de personnes se sont donné rendez-vous sur l’emblématique place parisienne, avant de s’élancer, en cortège resserré, vers le ministère de l’Économie à Bercy. Ce grand rendez-vous national (plus de 170 rassemblements étaient prévus à travers le pays) a ramené la question des salaires au cœur des préoccupations de la campagne présidentielle, avec l’assentiment de 80 % des Français qui soutiennent l’appel à mobilisation des syndicats pour une augmentation générale et immédiate des salaires, selon un sondage de l’Ifop pour l’Humanité (lire notre édition de jeudi).

« Trop de personnes ont à peine de quoi se loger, tout juste de quoi se chauffer, malgré le travail accompli ou parce qu’elles n’ont plus d’emploi ou qu’elles sont retraitées », relève Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière. Alors que la précarité s’est étendue et que l’inflation galopante bride le reste à vivre des Français, le gouvernement a fait le choix de laisser l’argent ruisseler sur les fortunés au mépris des rémunérations de l’ensemble des salariés et des services publics, notent les organisateurs. « On dit aux soignants de l’hôpital public et aux professeurs de l’enseignement national qu’il n’y a pas de sous pour augmenter les salaires et pour embaucher, mais Bernard Arnaud a entassé 104 milliards d’euros, c’est deux fois le budget de l’éducation nationale ! » fustige Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

« Aujourd’hui, on réclame une véritable reconnaissance »

Devant les marches de l’Opéra Bastille, sur un bout de carton, un homme arbore ironiquement l’inscription  : « Je ne gagne pas assez pour me payer une belle pancarte. » Dans la foule compacte, les manifestants et les nombreux salariés en lutte semblent illustrer à merveille le sombre constat dressé par les syndicats. Une couverture de survie dorée sur le dos, comme le symbole de l’urgence dans laquelle elle se trouve, Malika Rahmani peine à dissimuler sa colère. L’accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) dans des établissements scolaires à Romainville, en Seine-Saint-Denis, ne gagne que 864 euros par mois après six années d’ancienneté. « J’ai un contrat de 24 heures qui m’a été imposé et j’enchaîne les contrats courts. Aujourd’hui, on réclame une véritable reconnaissance, ce qui passe par un statut et un salaire décent ! » lance-t-elle. Quelques pas plus loin, veston floqué Fnac sur le dos, Jordan Rodrigues se désole : « Les seules fois où on entend parler des salaires en ce moment, c’est pour nous dire qu’on gagne déjà bien assez. Ça me donne presque l’impression que mes espoirs de gagner mieux ma vie sont vulgaires », dénonce le jeune libraire parisien. « Pourtant, mon salaire a déjà été rattrapé par l’augmentation automatique du Smic en janvier », poursuit le salarié, mobilisé depuis le 8 décembre.

Pour résoudre durablement la question de la précarité, les organisations syndicales organisatrices de la manifestation ne manquent toutefois pas de propositions. « On est pour que le Smic soit à 1 700 euros net, que ce soit 400 euros de plus pour tout le monde directement. Mais on veut aussi qu’il n’y ait aucun salaire qui soit cinq fois supérieur au salaire minimum ! » lance Simon Duteil, codélégué général de Solidaires. « À la CGT, nous demandons le Smic à 2 000 euros. Et quand le Smic augmente, tous les minima de branche doivent aussi être augmentés automatiquement, on ne veut pas attendre de devoir négocier avec les patrons pour être mieux payés », surenchérit Philippe Martinez devant une nuée de drapeaux. Si les syndicats espèrent que le gouvernement répondra à cet appel du pied avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron, leurs propositions devraient en tout cas nourrir les idées des quelques candidats à l’élection présidentielles présents lors de la manifestation parisienne, comme Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot.

Bien que la mobilisation de ce jeudi ait été une réussite, les organisations syndicales ne comptent pas en rester là. Dès ce vendredi, elles sont à nouveau réunies pour décider ensemble des suites à donner à la grève. En plus de manifestations sectorielles, des rendez-vous sont d’ores et déjà prévus le 8 mars, à l’occasion de la Journée des droits des femmes, et le 24 mars, pour défendre les droits des retraités. De quoi rappeler quelles sont leurs priorités sociales, à moins d’un mois du premier tour de l’élection.

 

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