Précarité économique, cadences infernales – moins de 4 minutes pour
faire une chambre et ses sanitaires –, mépris de classe… Et pourtant, la
solidarité et l’humanité transpirent à chaque plan. Le film Ouistreham, d’Emmanuel
Carrère, adaptation du livre de la journaliste Florence Aubenas, jette une
lumière crue sur des invisibles. Ces femmes, qui interprètent leur propre vie, racontent
la pénibilité, mais aussi l’humiliation. « On passe à côté de nous,
mais, même pas un bonjour, rien ! » témoigne l’une d’elles.
Dans leur histoire, on retrouve les ressorts qui ont conduit au mouvement
des gilets jaunes. Cette révolte de la France des ronds-points qui se sent
abandonnée, méprisée, abaissée. On reconnaît aussi d’autres invisibles. Ceux
qui se sont retrouvés aux côtés des soignants en première ligne, lors des
moments les plus difficiles de la pandémie. Celles qui nettoient les chambres,
ou qui assurent la caisse des magasins pour nous permettre de continuer à nous
nourrir. Ces premiers de corvée qui vident nos ordures ou qui transbahutent des
palettes. Ce peuple des invisibles, à qui le pouvoir, du haut de son trône,
avait promis une véritable reconnaissance, attend toujours son dû.
En 1862, Victor Hugo
écrivait une « phrase-manifeste » en guise de préface aux Misérables : « Tant
qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant
artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, (…) des livres de la
nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. » Cela s’applique
également à celui de Florence Aubenas et au film qui en a été tiré. Ils
montrent la condition et les aspirations du peuple, de ces misérables du
XXIe siècle. Ceux de Hugo montaient une barricade. Ceux de 2022 sont
poussés vers le factice d’une émeute populiste façon Zemmour. Or, ce dont le
pays a besoin, c’est d’une réelle insurrection dans les urnes qui fasse rentrer
le peuple à l’Élysée. Après tout, comme l’expliquait déjà Victor Hugo : « Une
révolution est un retour du factice au réel. »
Une injustice totale pour ce monde des invisibles. En effet quand on a grandement besoin d'eux comme durant cette pandémie nos gouvernants leur ont promis une reconnaissance financière, les français les ont applaudi mais le gouvernement a vite oublié ses promesses et les français n'applaudissent plus.
RépondreSupprimer