C’est une plainte qui expose en pleine lumière un de ces scandales qui
racontent l’état de la société. Un syndicat de La Poste a assigné en justice le
groupe pour « manquements à la loi sur le devoir de vigilance des
entreprises ». Cette loi adoptée en 2017 oblige les donneurs d’ordres à « identifier
les risques et prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les
libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que
l’environnement dans toute leur sphère d’influence ». Un moyen pour éviter
que les donneurs d’ordres ne se défaussent sur des filiales ou des
sous-traitants.
La Poste est donc accusée de prêt illicite de main-d’œuvre, de travail
dissimulé, de carences de plans de prévention pour les salariés des entreprises
sous-traitantes… Des pratiques que l’on ne s’étonne pas de trouver chez des
grands groupes privés avides de profit afin de satisfaire la voracité des
actionnaires. Mais comment est-il possible qu’une entreprise qui fut pendant
des décennies l’un des services publics préférés des Français, dont le maillage
territorial était une garantie d’égalité et dont les salariés faisaient preuve
d’un véritable engagement au service du public, puisse tomber sous le coup
d’une telle loi ? Cela en dit long sur la volonté, à l’œuvre depuis des
décennies, de démanteler la notion même de service public. Cela abouti à ce
qu’une entreprise dont on attendrait l’exemplarité dans le domaine du respect
de la loi se comporte comme le premier patron voyou venu. Mais, en réalité,
est-ce bien surprenant dans une start-up nation ?
Cette affaire prouve
qu’atteindre les objectifs de la loi « devoir de vigilance des
entreprises » implique, comme l’écrivait Anicet Le Pors, ancien ministre
communiste de la Fonction publique, d’ « inscrire la promotion des
services publics dans le champ des besoins qui ne manqueront pas de s’affirmer,
traduisant la nécessité d’une plus grande solidarité mondiale, la recherche de
la plus haute efficacité sociale, l’exigence de la démocratie et de la paix ».
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