Il n’est pas arrivé tout seul, par génération spontanée. Déjà l’homme
d’extrême droite perçait sous le polémiste, mais c’était tellement amusant de
jouer avec le « politiquement correct », de le faire apparaître comme un esprit
libre, à la parole décomplexée. Raciste, misogyne déjà, mais comme ça, en
passant. Puis CNews, la chaîne du milliardaire Vincent Bolloré, dont les
méthodes autoritaires font loi, l’a choyé, réchauffé, servi chaque jour sur un
plateau…
Ce n’est pas un accident de l’histoire, c’est un projet politique. Emmanuel
Macron en 2017 avait déjà réussi ce que certains ont appelé son hold-up
démocratique en s’appuyant sur les déceptions antérieures, les promesses non
tenues. Des années de crise politique : Nicolas Sarkozy mettant le cap toujours
plus à droite dans une sorte de course à l’échalote avec le FN, François
Hollande devenu l’ami de la finance et dirigeant sa politique contre le monde
du travail. Quatre ans après, rien n’est réglé et le temps semble venu,
aux yeux des forces les plus réactionnaires, d’une offensive d’envergure.
Marine Le Pen et le Rassemblement national n’y suffisaient pas. Son échec de
2017 semblait attester que jamais elle ne pourrait l’emporter alors même que sa
démagogie envers les milieux populaires ne répondait pas aux attentes de toute
une droite aisée, profondément conservatrice aussi sur le plan social que
sociétal. Elle s’était reconnue pour beaucoup dans la candidature de François
Fillon. Elle est, si l’on ose dire, à la ramasse.
Mais cela ne suffit pas.
Il faut agréger à cette droite toutes celles et tous ceux que les discours sur
l’immigration, la sécurité vont parvenir à capter, agiter le voile de l’islam
de surenchère en surenchère. Le piège est là. La droite se refuse à perdre pied
et emboîte le pas. Certains, y compris à gauche, s’y prennent. En sortir, c’est
tout faire pour ramener les débats politiques sur le terrain social, avec le
pouvoir d’achat, le coût de l’énergie, les services publics avec la crise
sanitaire et la situation des hôpitaux, l’environnement… Emmanuel Macron n’y
répond pas. Le projet de réunion des droites à l’extrême non plus. Il y a un
espace à reprendre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire