Loin d’être convaincu
par les annonces de l’exécutif, le maire PCF de Dieppe, Nicolas Langlois, a
pris un arrêté symbolique gelant les tarifs de l’énergie.
Localement aussi, le bras de fer sur le pouvoir d’achat se poursuit. Face
aux inégalités gommées du discours de l’exécutif, le maire de Dieppe
(Seine-Maritime), Nicolas Langlois, raconte les dilemmes cornéliens auxquels
doivent faire face les habitants de sa commune où le taux de pauvreté s’élève à
25 %, selon les données de 2018 de l’Insee. L’édile PCF a pris, la semaine
dernière, un arrêté symbolique déclarant « le gel des tarifs du gaz et
d’électricité » et il attend du gouvernement bien plus que le lissage
des prix de l’énergie annoncé par le premier ministre.
Le gouvernement vante son action pour le pouvoir d’achat. Quel constat
faites-vous dans votre ville ?
Nicolas Langlois : Ceux qui allaient très bien vont encore mieux.
Quant à tous les autres – les salariés des services, du soin, les ouvriers de
l’industrie, celles et ceux qui travaillent sur le port… – on ne peut pas dire
que leur pouvoir d’achat se soit amélioré. Les salaires stagnent tandis que le
coût de la vie a explosé. La situation s’est dégradée pour celles et ceux qui
travaillent et pour les retraités. Avec notre centre communal d’action sociale,
nous avons mis en place de nombreux dispositifs. L’un d’eux porte sur l’énergie
pour permettre aux habitants de faire face aux difficultés à payer les
factures. En un an, on a eu 50 % de familles en plus à accompagner.
Les tarifs de gaz et d’électricité ne relèvent pas de la compétence locale,
alors pourquoi avoir pris un arrêté pour geler les prix ?
Nicolas Langlois : Quand, depuis des semaines, les habitants me disent
leurs inquiétudes de devoir rallumer le chauffage parce qu’ils savent que le
gaz a augmenté de plus de 50 % en un an et que l’électricité connaît aussi
des hausses, qu’ils me racontent les choix qu’il leur faut faire quand ils sont
en courses ou qu’ils ne vont plus pouvoir faire faire les mêmes activités à
leurs gamins, j’estime que c’est de ma responsabilité de mettre cette urgence
dans le débat. Il faut à la fois bloquer les prix de l’énergie mais, au-delà,
la sortir des mains des Picsou qui spéculent sans produire un seul
kilowattheure. Quand la facture flambe pour les usagers, les profits flambent
aussi pour ces boîtes privées. La question du service public se pose donc avec
force. Outre l’énergie, agir sur le coût de l’éducation, des soins ou encore
pour l’augmentation des salaires est indispensable : l’état d’urgence sociale
doit être décrété. Cet arrêté, c’est aussi une façon de dire au peuple
militant : faites feu de tout bois. Le Covid nous a fait mal, mais là ça
suffit : faites-vous entendre.
Après avoir annoncé un lissage des prix la semaine dernière, le premier
ministre a réaffirmé, mardi, à l’Assemblée, qu’il pourrait utiliser le levier
fiscal en avril si les cours ne baissent finalement pas. Est-ce un mieux ?
Nicolas Langlois :
Baisser la TVA est indispensable : l’énergie est un produit de première
nécessité. Il faut la ramener de 20 à 5,5 % dès aujourd’hui. Nos députés
porteront le fer lors du vote du budget. Car Jean Castex nous fait une
raffarinade : il nous dit que les hausses qu’on bloque aujourd’hui seront
répercutées sur les baisses de demain. Au bout du compte, les gens savent
qu’ils vont devoir payer, que cela ne va rien changer. Quant au chèque énergie,
il dépanne les familles qui en bénéficient. Mais beaucoup en sont exclus malgré
leurs besoins et, en plus, on paie deux fois : non seulement on règle nos
factures aux boîtes privées qui s’en mettent plein les poches, et quand les
prix s’envolent, l’argent public alimente encore un peu plus leurs profits.
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