« Nous aspirons à la paix, mais nous sommes contraints à la guerre. » Les
mots de ce combattant du Front Polisario, recueillis par notre envoyée spéciale
au Sahara occidental, résonnent bien au-delà du désert. Ils doivent interpeller
la communauté internationale. Jouer un rôle d’électrochoc sur le sort
inacceptable fait au peuple sahraoui, dont les terres sont grignotées et
occupées illégalement par la monarchie marocaine depuis quarante-six ans. Et
sur la poudrière que pourrait devenir cette zone alors que le cessez-le-feu
historique de 1991 a volé en éclats.
Cet interminable conflit de décolonisation – le dernier en Afrique – doit
beaucoup à l’inertie des Nations unies et au jeu de dupes des grandes
puissances. Inscrit sur la liste des territoires non autonomes par l’ONU, le
Sahara occidental a vu reconnaître son droit à l’autodétermination depuis le
départ du colon espagnol en 1975. Mais le référendum n’a jamais vu le jour. Des
décennies de renoncements et de vaines missions onusiennes. Ce 27 octobre,
le Conseil de sécurité de l’ONU doit renouveler une nouvelle fois le mandat des
casques bleus. Mais avec quelle intention ? Jusqu’ici, le Maroc a pu étendre
son emprise sans contrainte. Le royaume chérifien contrôle et administre
aujourd’hui 80 % de cette vaste région côtière, riche en ressources
naturelles. Il ne cesse d’y implanter infrastructures et habitations, de
surarmer son « mur des sables ». Une stratégie à l’israélienne, jamais
sanctionnée, qui relègue dans des camps la population autochtone et envenime
les relations avec le voisin algérien, soutien des Sahraouis. Inadmissible.
Face à cette situation,
nombre de pays – et la France en tête – ont fait leur choix : privilégier les
relations diplomatiques et économiques avec le pouvoir marocain plutôt que le
respect des droits légitimes d’un peuple autochtone à choisir son destin.
L’Union européenne elle-même vient d’être épinglée par sa propre Cour de
justice, qui a dû annuler deux accords de partenariat commercial avec le Maroc
car ils concernaient le Sahara occidental… Un coup d’arrêt judiciaire au
cynisme des États. Et à l’indifférence au colonialisme qui étouffe les
Sahraouis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire