L’égalité des droits n’est pas contradictoire avec l’individualisation des
situations. Ainsi de ce qui concerne l’allocation adulte handicapé (AAH). Il
est en effet temps de mettre fin à une injustice sociale que l’on ajoute à
l’injustice du handicap. Concrètement, aujourd’hui une personne handicapée se
voit dans l’extrême difficulté et même souvent dans l’impossibilité de
travailler. La société compense à juste titre cette injustice par une
allocation de 900 euros. Ce n’est pas Byzance et sa revalorisation serait
une juste revendication tant on ne peut pas laisser le marché faire grimper
tous les prix et cantonner les minima sociaux à de pareils seuils. Ce n’est
certes pas toujours la cohérence qui étouffe les libéraux. Mais avant cela, une
injustice doit être réparée d’urgence : pour le calcul de l’allocation, le
conjoint est pris en compte. Le faible montant peut donc se transformer en une
aumône inacceptable. Pire, au-dessus de 2 200 euros gagnés par le
conjoint, l’AAH est purement et simplement supprimée.
Ce qui pose des problèmes en cascade : d’abord, une telle mesure induit
qu’un couple pourrait vivre décemment avec 2 200 euros par mois ! Qui peut
croire ça ? Cette situation crée également une situation de dépendance de la
personne handicapée vis-à-vis de son conjoint. Comme si la société créait les
conditions de l’autonomie d’une part pour la supprimer de l’autre. C’est enfin
permettre à des couples de vivre leur amour au grand jour plutôt que d’être
obligés de se dissimuler sous peine d’être dans l’incapacité de subvenir à
leurs besoins.
Il faut donc d’urgence
déconjugaliser cette allocation. C’est si juste que même la Macronie,
d’habitude si peu sensible à la justice sociale, semble encline à y répondre.
Il faut maintenant aller au bout et satisfaire une revendication
d’individualisation qui parle à l’ensemble du collectif national : c’est un
enjeu d’émancipation individuelle que peut permettre la solidarité collective.
Banco.
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