Depuis quatre ans, Jean-Michel Blanquer s’évertue à façonner une école qui
respecte scrupuleusement les piliers de la religion libérale : plus de
compétitivité, moins d’égalité. À chaque fois, les problèmes d’une éducation
nationale, sous-dotée et en perte de sens, ont servi de prétexte aux coups de
boutoir du gouvernement. C’est encore le cas avec la loi sur les directeurs
d’école. Le texte dit « loi Rilhac » prévoit de donner plus de pouvoir aux
directeurs et d’en faire des sortes de « managers » des écoles. Pour avancer
ses pions, le ministre s’appuie sur un problème existant puisque, les
principaux concernés se plaignent d’avoir toutes les peines du monde à exercer
correctement leur rôle. Mais, là où ils demandent des moyens pour travailler,
pour soulager leurs tâches administratives, et des personnels compétents pour
gérer les problè- mes sociaux, le ministère répond : « Management. » C’est
moins cher.
Au moment où la loi a été présentée, il s’agissait d’avancer vers une
autonomie de gestion. Après le discours de Marseille du président tout s’accélère.
Car, là encore, le gouvernement se sert d’un problème social profond, d’une
défaillance de l’intervention publique pour répondre par la destruction de
celle-ci. « Adapter, repenser les projets d’apprentissage, les rythmes
scolaires, les récréations, la durée des cours, les façons d’enseigner » dans
50 écoles de la cité phocéenne, disait le chef de l’État. La droite et une
partie de la majorité (pléonasme ?) s’engouffrent dans la brèche pour demander
pareille libéralisation sur tout le territoire à l’occasion de la loi Rilhac.
L’immense majorité des
directeurs s’oppose à ces nouvelles prérogatives qui ne régleront rien et
déstructurent les collectifs de travail comme l’égalité républicaine entre
établissements et donc entre élèves. Mais voilà à nouveau l’école soumise
aux recettes de l’entreprise. Quand ce gouvernement arrêtera-t-il de singer le
modèle anglo-saxon et de parler de République toute la journée sans jamais
l’édifier ?
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