L’université d’été du PCF à Aix-en-Provence a été
l’occasion pour Fabien Roussel de marteler ses priorités pour une élection à
laquelle il participe « pour gagner ». Emploi, pouvoir d’achat,
jeunesse et écologie seront, dans les semaines à venir, au menu des communistes
qui partagent l’enthousiasme de leur candidat. La création de « comités
locaux pour les Jours heureux » a également été annoncée.
Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône), envoyée spéciale.
Trente-deux semaines, soit 225 jours très précisément.
Le candidat communiste à l’élection présidentielle n’a pas manqué de faire le
compte du temps imparti d’ici le premier tour pour « relever le défi
des jours heureux », samedi, lors de l’université d’été du PCF qui a réuni
à Aix-en-Provence quelque 500 militants venus de toute la France. « Nous
n’allons pas à cette élection pour faire de la figuration, nous y allons pour
gagner, pour diriger le pays, pour redonner le pouvoir aux citoyens, au monde
du travail », a lancé Fabien Roussel à ses troupes, assurant voir « grandir
l’intérêt pour notre candidature » qui n’a rien d’une « aventure
personnelle ».
Pour cette rentrée, les communistes poursuivent « deux
objectifs », précise Igor Zamichiei, membre de la direction : « Progresser
sur l’identification de notre candidature, et avancer aussi sur le
rassemblement autour de celle-ci », explique le responsable départemental
de Paris, assurant que dans les mois à venir emploi, jeunesse et écologie
seront à l’honneur.
L'emploi au cœur
de la campagne
Dès ce week-end, le candidat du PCF l’a
martelé : « Je veux être le président du pouvoir d’achat, de la lutte
contre la vie chère et en faire une priorité nationale ». Lors de son
discours, le gouvernement en a pris pour son grade. « Le ministre de
l’Économie et des Finances a beau dire que la croissance est de retour,
franchement ce que voient les gens c’est la croissance des factures, par contre
les salaires et les pensions c’est au ras des pâquerettes », tacle Fabien
Roussel. Comme il le fait dans son livre Ma France (Éditions
Le Cherche midi) le secrétaire national illustre son propos de situations puisées
dans ses rencontres.
Il rapporte ainsi le témoignage d’une caissière à
temps plein payée 1 280 euros par mois après douze ans
d’ancienneté rencontrée quelques heures plus tôt avec ses collègues de
Carrefour, ou encore celui de Danièle, désormais retraitée dont la pension
d’élève à 920 euros. Or « la France est riche, très très très très
riche », assène le député du Nord, ciblant les 500 plus grosses fortunes
dont « le patrimoine pendant le quinquennat Macron a doublé », pour
atteindre « 1 000 milliards », ou les profits du « CAC
40 (qui) sabre le champagne » avec « en pleine crise
60 milliards de dividendes ».
« Nous allons mettre l’emploi au cœur de
la campagne », promet le candidat qui, loin de miser sur les « premiers de
cordées de Macron qui nous tirent vers le bas », plaide pour « un
changement total de l’utilisation de l’argent », pour « s’attaquer
au capitalisme prédateur » et « donner le pouvoir aux salariés
dans les entreprises ».
Avec l’objectif de parvenir à « l’éradication
du chômage », une série de propositions est mise sur la table : Smic à
1 800 euros brut, suppression de la CSG pour les retraités,
1 200 euros de pension minimum, réduction du prix du gaz et de
l’électricité avec une « nationalisation tout de suite d’EDF et GDF ».
Ou encore des « peines planchers » pour « les
fraudeurs fiscaux ». Aux côtés de cette priorité, figure aussi « la
révolution écologique ». « Le problème avec le capitalisme vert ce
n’est pas la couleur, c’est le capitalisme », sourit Fabien Roussel, qui
résume l’enjeu comme un « choix de civilisation : la finance ou
l’existence ».
Priorité à la jeunesse
Dans les couloirs de la fac de lettres qui accueille
l’université d’été, le parcours de certains participants aurait pu trouver leur
place parmi les histoires de vie racontées par le candidat. « Je suis
boursier, je n’ai que 460 euros par mois, 20 euros de plus dans le
loyer, plus l’électricité et le gaz qui augmentent, pour moi c’est compliqué »,
raconte Kilian, un étudiant toulousain. D’ailleurs, « la jeunesse sera
un sujet incontournable de 2022, Emmanuel Macron ne s’y trompe pas notamment
avec sa garantie jeune universelle qui n’est clairement pas à la hauteur »,
pointe Léon Deffontaines, dirigeant des Jeunes communistes (MJCF) lors d’un
débat avec Maryam Pougetoux, la vice-présidente de l’Unef. Une question que les
communistes comptent aussi mettre en avant en proposant un « pacte pour
la jeunesse » avec, notamment, un « revenu étudiant au-dessus
du seuil de pauvreté », rappelle le secrétaire général du MJCF. « Pour
moi cette proposition, c’est tout simplement la perspective de sortir de la
précarité », assure Kilian.
Le jeune militant de vingt ans est aussi
enthousiaste pour la campagne qui s’annonce que son candidat : « On est
là pour être majoritaire et gagner », affirme-t-il, conscient toutefois que
le défi est de taille alors que les sondages attribuent pour l’heure moins de
5 % au PCF. Mais « le scénario promis en septembre n’est jamais
celui qui se réalise en avril », glisse Sébastien Laborde, de la fédération
de Gironde.
De son côté, Martin, étudiant marseillais, est un peu
plus pessimiste : « Si quelqu’un de gauche gagne, ce serait quand même
un miracle… Entre Roussel, Mélenchon, on va voir comment les choses tournent
mais je suis un peu désespéré », regrette le tout nouveau militant qui a
adhéré il y a moins d’un an. La plupart de ses camarades se lancent cependant
avec optimisme. À l’instar de Catherine La Dune, fraîchement élue en région
Nouvelle Aquitaine : « Puisqu’on a réussi aux régionales à avoir davantage
d’élus, j’ai pas mal d’espoir aussi pour Fabien Roussel, au moins pour avoir de
la visibilité, et ça commence à marcher ».
Rassembler
jusqu'au-delà de la gauche
Le climat n’en est pas moins inquiétant, selon
Mireille, qui patiente dans le plus grand des amphis en compagnie d’Henri,
avant la tenue de leur atelier. L’enseignante à la retraite pointe la « confusion » ambiante
alimentée par la crise sanitaire et une « énorme méfiance dont
l’extrême droite profite pour faire des amalgames crapuleux », notamment
via un discours antisémite lors des manifestations anti-passe.
Alors, dans les travées des amphis aixois, on en est
plutôt persuadé : l’enjeu numéro un, c’est de convaincre les déçus, les
désabusés de la politique, les abstentionnistes. « Nous devons,
plaide Fabien Roussel, rassembler bien au-delà de notre électorat,
au-delà même de la gauche, il faut voir loin, aller toucher tous ceux qui ne
votent plus. » Mais comment ?
« Il faut mettre en avant nos
propositions, notamment les lois déposées par les communistes comme celle pour
la sécurité de l’emploi et de la formation », avance Henri, venu de l’Aisne, quand
Mireille croit nécessaire de démontrer concrètement l’utilité des communistes,
comme « la façon dont le député André Chassaigne s’est battu pour faire
revaloriser les retraites agricoles ». « C’est une
absence de près de vingt ans du parti, il faut bien reconstruire,
retrouver notre électorat, c’est un travail de longue haleine mais qui sera
payant », complète Kilian de son côté.
Pour un pacte aux
législatives
Quant au reste de la gauche, Fabien Roussel a
renouvelé, samedi, la proposition d’un « pacte d’engagements communs » aux
législatives pour « bâtir une large majorité de gauche à l’Assemblée
nationale ». Car sa candidature, promet-il, vise à « contribuer à
créer les conditions d’une nouvelle majorité politique ». Passage à l’acte
dès ce week-end, avec l’un des ateliers consacrés aux
retraites auquel Caroline Fiat (FI) et Alain Coulombel (EELV) ont
participé. « Je ne crois pas à la possibilité d’emporter une majorité
parlementaire si nous ne gagnons pas la présidentielle, et nous n’y arriverons
pas avec cinq candidats », lâche à cette occasion le porte-parole des
écologistes, plaidant pour « se retrouver très vite autour d’une table
pour se mettre d’accord sur 15-20 propositions ». L’écologiste reconnaît
toutefois qu’il ne fait pas l’unanimité, y compris dans son parti.
Son avis est d’ailleurs loin d’être partagé par le
secrétaire national du PCF : « Le problème de la gauche ce n’est pas la
division, c’est de faire en sorte que la somme des candidats de gauche fasse
50,1 %, assure Fabien Roussel. Il faut s’attaquer aux raisons
pour lesquelles elle plafonne à 20 %, sinon on ne l’emportera jamais. Elle
est faible d’abord de ses renoncements et trahisons lorsqu’elle était au
pouvoir, elle l’est aussi de son incapacité à s’adresser au monde du travail, à
la jeunesse. »
Rendez-vous à la Fête
de l'Humanité
En la matière, les bouleversements engendrés par la
pandémie pourraient aider. « L’expérience que nous traversons casse,
abîme, contrarie l’idéologie dominante, étouffoir de l’action populaire »,
assure le directeur de l’université d’été, Guillaume Roubaud-Quashie, en
référence aux dogmes libéraux – de l’efficacité des marchés à la réduction de
la dépense publique – mis en cause ces derniers mois. Mais il s’agira avant
tout de passer à l’action sans attendre.
« Créons partout, dans nos communes, les
villes, les villages, sur les lieux de travail, dans les universités, des
comités locaux pour les jours heureux », invite Fabien Roussel, tout en appelant
à désigner « dès maintenant » des candidats aux législatives.
Un « grand rassemblement national » pour l’emploi et le
pouvoir d’achat est également prévu le 20 novembre à Paris, précédé « d’une
semaine d’action dans tout le pays du 9 au 16 octobre ».
En attendant, le prochain rendez-vous aura lieu du
côté de La Courneuve, à la Fête de l’Humanité, où Fabien Roussel tiendra un
meeting le samedi 11 septembre à 17 heures.
Le « plan » de Fabien
Roussel pour Marseille
À quelques jours du déplacement d’Emmanuel
Macron à Marseille, où il présentera son « grand plan » pour
la ville, Fabien Roussel a évoqué la situation de la cité phocéenne à proximité
de laquelle s’est déroulée l’université d’été du PCF. « Quand nous
découvrons qu’un enfant de 14 ans a été tué dans des règlements de comptes
liés à des trafics de drogue et qu’un autre de 8 ans a été blessé par
balle, nous devons penser à eux », a commencé le député. « Darmanin
peut mettre tous les policiers qu’il veut, mais tant qu’il n’y aura pas de
moyens dans l’école, tant qu’on n’ouvrira pas des musées, des équipements
sportifs, tant qu’il n’y aura pas d’éducateurs, tant que nous ne ferons pas
entrer la République dans ces quartiers, nous n’y arriverons pas ! » a-t-il
ensuite lancé, tout en affirmant la nécessité de « s’attaquer aux gros
bonnets de la drogue », dont « le roi du Maroc (qui) au cœur de
l’été a décidé de légaliser la culture du cannabis ».
Lire aussi : Narcocriminalité. « Marseille est le miroir grossissant de la
France »
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