Le réchauffement
climatique augmente les risques de voir se reproduire des crues comme celles de
cet été en Allemagne et en Belgique, affirme une étude internationale.
Quels sont les risques que des inondations meurtrières telles qu’en ont
connu, cet été, l’Allemagne et la Belgique se reproduisent en
Europe au cours des décennies à venir ? Sans aucun doute un peu,
potentiellement beaucoup, estime une équipe de scientifiques dans un rapport
rendu public ce mardi.
On s’en souvient : du 12 au 15 juillet, la région de la Meuse, en
Belgique, et celle située entre les rivières Ahr et Erft, en Allemagne ont été
lessivées par d’intenses averses qui, en moins de deux jours, ont provoqué des
inondations monstres. Le bilan humain de ces crues soudaines s’est révélé
catastrophique : au moins 220 personnes ont péri lors de ces catastrophes. Le
World Weather Attribution (WWA), collectif international de chercheurs qui
s’est fixé pour but d’analyser les liens entre changement climatique et
événements météorologiques extrêmes, s’est penché sur cet épisode singulier.
Les averses sont devenues de 3 % à 19 % plus fortes aujourd’hui
Après un mois de travail, il en conclut que le réchauffement induit par les
activités humaines a bel et bien à voir avec ce type d’événements. Il les a
même rendus de 1,2 fois à 9 fois plus susceptibles de se produire.
Les averses sont devenues de 3 % à 19 % plus fortes aujourd’hui, dans
notre monde plus chaud de près de 1,2 °C, que dans celui d’avant l’ère
industrielle.
Les choses iront en s’aggravant à mesure que les températures augmenteront,
alertent les scientifiques. Leur prédiction est large, et encore approximative,
mais elle donne à voir un futur hydraulique auquel l’Europe occidentale et
centrale est encore loin d’être préparée, quand leur rapport révèle aussi que
cette vaste zone qui inclut, côté France, l’Alsace et la Lorraine, sera
inexorablement exposée à des inondations de plus en plus fréquentes.
Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs ont comparé les relevés
météorologiques enregistrés depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à
aujourd’hui. Ils se sont attachés à analyser les niveaux des précipitations
plutôt que celui des cours d’eau, entre autres du fait que, lors de l’épisode
survenu en juillet, une partie des stations de mesure a été détruite par les
crues. Ils ont, enfin, examiné des données portant sur une zone s’étalant de
l’est de la France à l’ouest de l’Allemagne et du nord de la Suisse jusqu’aux
Pays-Bas.
Une telle catastrophe peut se reproduire « dès l’an prochain »
« Dans le climat actuel, on peut s’attendre à ce que des événements
similaires frappent n’importe laquelle de ces régions environ une fois tous les
400 ans », concluent-ils. La dernière catastrophe du genre s’étant produite en
juillet, ce résultat semble nous laisser de la marge. Pas si simple, rétorquent
les chercheurs, qui insistent sur le fait que nous n’en sommes pas quittes pour
les 399 années à venir. Avec l’augmentation des émissions de gaz à effet
de serre et la hausse continue de la température, de telles pluies abondantes
deviendront plus fréquentes, soulignent-ils.
« Chaque année, il y aura x fois plus de chance qu’un épisode du même type
se produise, explique Maarten van Aalst, directeur de la Croix-Rouge internationale et
professeur climat et résilience à l’université de Twente, aux Pays-Bas. Cela
peut avoir lieu dès l’an prochain dans n’importe quelle région d’Europe
occidentale ou centrale. »
L’étude n’est pour
l’instant qu’une analyse à chaud. « Nous ne sommes pas encore en mesure
de donner une échelle plus détaillée des risques à venir », admet Enno
Nilson, de l’Institut fédéral d’hydrologie allemand. L’exercice n’en est pas
pour autant inutile : il est la première marche sur laquelle appuyer une
prospective scientifique plus poussée, explique-t-il. « Ces
informations vont être enregistrées dans le réseau mondial et permettront de
nourrir les analyses produites à l’avenir. »
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