mercredi 25 août 2021

Climat. Les inondations menacent le futur de l’Europe

 


Marie-Noëlle Bertrand

Le réchauffement climatique augmente les risques de voir se reproduire des crues comme celles de cet été en Allemagne et en Belgique, affirme une étude internationale.

Quels sont les risques que des inondations meurtrières telles qu’en ont connu, cet été, l’Allemagne et la Belgique se reproduisent en Europe au cours des décennies à venir ? Sans aucun doute un peu, potentiellement beaucoup, estime une équipe de scientifiques dans un rapport rendu public ce mardi.

On s’en souvient : du 12 au 15 juillet, la région de la Meuse, en Belgique, et celle située entre les rivières Ahr et Erft, en Allemagne ont été lessivées par d’intenses averses qui, en moins de deux jours, ont provoqué des inondations monstres. Le bilan humain de ces crues soudaines s’est révélé catastrophique : au moins 220 personnes ont péri lors de ces catastrophes. Le World Weather Attribution (WWA), collectif international de chercheurs qui s’est fixé pour but d’analyser les liens entre changement climatique et événements météorologiques extrêmes, s’est penché sur cet épisode singulier.

Les averses sont devenues de 3 % à 19 % plus fortes aujourd’hui

Après un mois de travail, il en conclut que le réchauffement induit par les activités humaines a bel et bien à voir avec ce type d’événements. Il les a même rendus de 1,2 fois à 9 fois plus susceptibles de se produire. Les averses sont devenues de 3 % à 19 % plus fortes aujourd’hui, dans notre monde plus chaud de près de 1,2 °C, que dans celui d’avant l’ère industrielle.

Les choses iront en s’aggravant à mesure que les températures augmenteront, alertent les scientifiques. Leur prédiction est large, et encore approximative, mais elle donne à voir un futur hydraulique auquel l’Europe occidentale et centrale est encore loin d’être préparée, quand leur rapport révèle aussi que cette vaste zone qui inclut, côté France, l’Alsace et la Lorraine, sera inexorablement exposée à des inondations de plus en plus fréquentes.

 

Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs ont comparé les relevés météorologiques enregistrés depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Ils se sont attachés à analyser les niveaux des précipitations plutôt que celui des cours d’eau, entre autres du fait que, lors de l’épisode survenu en juillet, une partie des stations de mesure a été détruite par les crues. Ils ont, enfin, examiné des données portant sur une zone s’étalant de l’est de la France à l’ouest de l’Allemagne et du nord de la Suisse jusqu’aux Pays-Bas.

Une telle catastrophe peut se reproduire « dès l’an prochain »

« Dans le climat actuel, on peut s’attendre à ce que des événements similaires frappent n’importe laquelle de ces régions environ une fois tous les 400 ans », concluent-ils. La dernière catastrophe du genre s’étant produite en juillet, ce résultat semble nous laisser de la marge. Pas si simple, rétorquent les chercheurs, qui insistent sur le fait que nous n’en sommes pas quittes pour les 399 années à venir. Avec l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et la hausse continue de la température, de telles pluies abondantes deviendront plus fréquentes, soulignent-ils.

« Chaque année, il y aura x fois plus de chance qu’un épisode du même type se produise, explique Maarten van Aalst, directeur de la Croix-Rouge internationale et professeur climat et résilience à l’université de Twente, aux Pays-Bas. Cela peut avoir lieu dès l’an prochain dans n’importe quelle région d’Europe occidentale ou centrale. »

L’étude n’est pour l’instant qu’une analyse à chaud. « Nous ne sommes pas encore en mesure de donner une échelle plus détaillée des risques à venir », admet Enno Nilson, de l’Institut fédéral d’hydrologie allemand. L’exercice n’en est pas pour autant inutile : il est la première marche sur laquelle appuyer une prospective scientifique plus poussée, explique-t-il. « Ces informations vont être enregistrées dans le réseau mondial et permettront de nourrir les analyses produites à l’avenir. »

 

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