Que ne va-t-on pas encore entendre à propos de la grève des cheminots ? Des
soi-disant privilégiés qui ne pensent qu’à embêter les citoyens avec leurs
actions. En réalité, y compris parmi les éditorialistes avisés qui tirent
dessus à boulets rouges, qui accepterait la moitié de ce que subissent les
salariés de la SNCF depuis vingt-cinq ans ? On leur a tout fait : diviser
l’entreprise publique en deux puis en trois puis en cinq. Fermer les
« petites lignes » et les trains de nuit avant de s’apercevoir qu’il faut les
rétablir. Ouvrir à la concurrence pour réduire la dette en vertu d’un dogme
éculé dont, même outre-Manche, on a compris qu’il est absurde. Comme dit
l’adage : « L’erreur est humaine, l’entêtement est diabolique. »
Par exemple, le Fret
SNCF a été ouvert à la concurrence dès 2006 « pour le développer ». Or,
que constate-t-on aujourd’hui ? Ses parts de marché ont été divisées par deux !
C’est un comble quand on sait à quel point les besoins écologiques se sont
aiguisés depuis. Mais le pire est que l’État, pour soulager la dette, a fait
vendre à la SNCF sa filiale wagons Fret à des fonds de pension : cela implique
qu’elle devra désormais louer des wagons au privé, à un prix plus élevé, pour
développer le Fret. La SNCF devra donc s’endetter davantage ! Moins de parts de
marché pour plus cher, bravo la concurrence ! Le fiasco pointe également pour
la libéralisation des trains régionaux pourtant annoncée à grand renfort de
tambours et trompettes. Ajoutez à cela la suppression du statut des cheminots
qui constitue indubitablement une précarisation de la profession. Mais aussi le
cloisonnement organisé qui fait, entre autres absurdités, qu’un vendeur de
billets de transilien ne peut pas vendre de billets TGV, TER, ou intercités… On
comprend la perte de sens d’un métier dans une entreprise qu’on est en train de
faire dérailler. Et tout ça sans rien apporter aux usagers ! Si avec tout ça
les cheminots ne se mobilisaient pas…
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