La présence de Vincent Bolloré dans les murs d’Europe 1 fait souffler un
vent de protestation inédit. Les salariés de cette radio emblématique craignent
que leur micro ne se transforme en un mégaphone de propagande et de fake news
dont l’unique finalité serait de continuer à façonner les esprits pour le pire.
On les comprend. L’arrimage de la station à CNews, vitrine d’un prosélytisme
fascisant, a déjà trouvé ses visages et ses voix : un ancien de Valeurs
actuelles en la personne de Louis de Raguenel et, à la matinale,
Dimitri Pavlenko, connu pour tendre la perche à Éric Zemmour sans opposer la
moindre contradiction aux logorrhées de ce sinistre personnage.
Des journalistes sont rappelés à l’ordre, sanctionnés. Comme ce fut le cas
à I-Télé avant l’enterrement de cette chaîne pour laisser place à CNews. Telle
est la loi dans les monopoles médiatiques qui matraquent en continu une
information uniformisée, repeinte en brun. Ces empires sont en train de tuer le
pluralisme, le débat d’idées et les espaces d’expression démocratique. Nous ne
sommes pas condamnés à supporter les torrents de boue et d’incitation à la
haine que déversent désormais trop de médias. Il existe un cahier des charges
entre le CSA et les chaînes de radio et de télévision : le matraquage d’idées
toxiques peut donc être stoppé.
Certains nous
rétorqueront que la liberté d’expression est intouchable. Le racisme éructé par
les chroniqueurs de CNews et consorts n’a rien à voir avec le droit, les
libertés, ni même avec les opinions : il constitue un délit au regard de la
loi. Ne nous voilons pas la face. La refondation médiatique de ces deux
dernières décennies a servi le virage « à droite toute » du paysage
politique. Il faut mettre un terme à cette dérive, sauf à revivre cette
terrible prophétie d’Albert Camus : « Faites attention, quand une
démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour
prendre de ses nouvelles. »
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