mercredi 23 juin 2021

« À droite toute » sur les ondes, l’éditorial de Cathy Dos Santos



La présence de Vincent Bolloré dans les murs d’Europe 1 fait souffler un vent de protestation inédit. Les salariés de cette radio emblématique craignent que leur micro ne se transforme en un mégaphone de propagande et de fake news dont l’unique finalité serait de continuer à façonner les esprits pour le pire. On les comprend. L’arrimage de la station à CNews, vitrine d’un prosélytisme fascisant, a déjà trouvé ses visages et ses voix : un ancien de Valeurs actuelles en la personne de Louis de Raguenel et, à la matinale, Dimitri Pavlenko, connu pour tendre la perche à Éric Zemmour sans opposer la moindre contradiction aux logorrhées de ce sinistre personnage.

Des journalistes sont rappelés à l’ordre, sanctionnés. Comme ce fut le cas à I-Télé avant l’enterrement de cette chaîne pour laisser place à CNews. Telle est la loi dans les monopoles médiatiques qui matraquent en continu une information uniformisée, repeinte en brun. Ces empires sont en train de tuer le pluralisme, le débat d’idées et les espaces d’expression démocratique. Nous ne sommes pas condamnés à supporter les torrents de boue et d’incitation à la haine que déversent désormais trop de médias. Il existe un cahier des charges entre le CSA et les chaînes de radio et de télévision : le matraquage d’idées toxiques peut donc être stoppé.

Certains nous rétorqueront que la liberté d’expression est intouchable. Le racisme éructé par les chroniqueurs de CNews et consorts n’a rien à voir avec le droit, les libertés, ni même avec les opinions : il constitue un délit au regard de la loi. Ne nous voilons pas la face. La refondation médiatique de ces deux dernières décennies a servi le virage « à droite toute » du paysage politique. Il faut mettre un terme à cette dérive, sauf à revivre cette terrible prophétie d’Albert Camus : « Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles. »

 

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