Les images stupéfiantes succèdent aux images stupéfiantes. Des familles
palestiniennes chassées de leur maison, qu’elles occupent parfois depuis des
générations, pour être remplacées par des colons juifs. Des expulsions
illégitimes, légalisées par une décision de la Cour suprême. Des protestations
contre cette injustice flagrante réprimées sans retenue à coups de balles de
métal enveloppées de caoutchouc, de grenades assourdissantes et de « skunk »,
un canon à eau putride. Sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de
l’islam, le Croissant-Rouge palestinien a dû monter un hôpital de campagne afin
de soigner les blessures de centaines de manifestants.
Certains « radars » médiatiques mal réglés ont, semble-t-il, quelques
difficultés à nommer la chose pour ce qu’elle est : un condensé d’injustices et
de brutalités. Ces scènes qui se sont déroulées ces derniers jours à
Jérusalem-Est constituent le plus sûr réquisitoire contre la politique de
Benyamin Netanyahou. Celle-ci sème désormais le chaos non plus aux marges mais
au cœur géographique même de son projet de Grand Israël, à Jérusalem, la ville
où le premier ministre récemment ballotté joue une nouvelle fois la carte du
fait accompli (en réduisant à moins de 20 % la composante non juive, il
délégitime la revendication palestinienne de Jérusalem-Est comme capitale de
l’État de Palestine) afin de faire définitivement pièce au droit international.
Mais, qui fera finalement
appliquer ce dernier ? Les réactions de la communauté internationale ont,
certes, dérogé à la trop régulière loi de la « prudence », lit sur lequel le
pouvoir israélien a cultivé son impunité. Washington a appelé dès vendredi à
la « désescalade » et à « éviter » les évictions
de familles palestiniennes. La rupture de ton avec l’administration Trump est
notable. Mais seule une rupture dans les actes permettra de mettre fin à « la
violence (qui) engendre seulement la violence », selon les mots du
pape François dans son message dominical.
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