dimanche 9 mai 2021

« Jérusalem, la poudrière », l’éditorial de Christophe Deroubaix dans l’Humanité de demain.



Les images stupéfiantes succèdent aux images stupéfiantes. Des familles palestiniennes chassées de leur maison, qu’elles occupent parfois depuis des générations, pour être remplacées par des colons juifs. Des expulsions illégitimes, légalisées par une décision de la Cour suprême. Des protestations contre cette injustice flagrante réprimées sans retenue à coups de balles de métal enveloppées de caoutchouc, de grenades assourdissantes et de « skunk », un canon à eau putride. Sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, le Croissant-Rouge palestinien a dû monter un hôpital de campagne afin de soigner les blessures de centaines de manifestants.

Certains « radars » médiatiques mal réglés ont, semble-t-il, quelques difficultés à nommer la chose pour ce qu’elle est : un condensé d’injustices et de brutalités. Ces scènes qui se sont déroulées ces derniers jours à Jérusalem-Est constituent le plus sûr réquisitoire contre la politique de Benyamin Netanyahou. Celle-ci sème désormais le chaos non plus aux marges mais au cœur géographique même de son projet de Grand Israël, à Jérusalem, la ville où le premier ministre récemment ballotté joue une nouvelle fois la carte du fait accompli (en réduisant à moins de 20 % la composante non juive, il délégitime la revendication palestinienne de Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine) afin de faire définitivement pièce au droit international.

Mais, qui fera finalement appliquer ce dernier ? Les réactions de la communauté internationale ont, certes, dérogé à la trop régulière loi de la « prudence », lit sur lequel le pouvoir israélien a cultivé son impunité. Washington a appelé dès vendredi à la « désescalade » et à « éviter » les évictions de familles palestiniennes. La rupture de ton avec l’administration Trump est notable. Mais seule une rupture dans les actes permettra de mettre fin à « la violence (qui) engendre seulement la violence », selon les mots du pape François dans son message dominical.

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