Tant que l’on met tout en œuvre pour que rien ne change, on peut toujours se payer le luxe d’évoquer des lendemains qui chantent. Le risque est limité, et pour ainsi dire quasi nul, de se voir reprocher d’avoir bercé le monde d’illusions. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron pouvait proclamer tranquillement que le vaccin contre le Covid devait devenir un « bien public mondial », et s’opposer dans les faits à la levée des brevets, défendue par l’Inde et l’Afrique du Sud, voie pourtant inévitable pour y parvenir.
Il faut un autre courage, une fois que la chimère devient possibilité
concrète, pour assumer ses actes. Et voilà le président de la République pris
au piège de ses belles paroles. Doublé sur sa gauche par le revirement
américain conduit sous l’impulsion de Joe Biden, Emmanuel Macron est désormais
comme le maçon au pied du mur. Mais, au moment de se mettre au travail, le chef
de l’État préfère ergoter sur la forme de la truelle ou la couleur de la
bétonnière. Après n’avoir eu d’autre choix que de faire volte-face en
consentant à une « levée circonscrite » des brevets, le
président de la République a estimé à Porto que l’urgence était d’abord à la
fin des « interdictions à l’export » des doses et de leurs
composants. Une manière habile de détourner les yeux du problème de la
propriété intellectuelle, qui fait du vaccin le bien d’un tout petit nombre de
grandes firmes, au détriment du droit à son accès universel. Est-ce un hasard
si les multinationales du secteur sont sur une ligne proche d’Emmanuel Macron,
qui est aussi celle de la chancelière allemande et de la Commission
européenne ?
À Porto, le président
français a exhumé le projet d’ « Europe sociale », autre
chimère qui n’existe qu’en paroles depuis trente ans. Réveiller ce serpent de
mer en commençant par s’aligner sur la position des Big Pharma et des
dirigeants les plus libéraux de l’Europe, voilà qui relève de la même
diplomatie de dupes que sur les vaccins.
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