Ce décompte-là ne fait pas tous les jours l’actualité. Pourtant, la France
compte plus de 9 millions de personnes pauvres, dont la moitié, a moins de
30 ans. Un enfant sur cinq est concerné. En une année, 1 million de
nos concitoyens ont basculé dans cette survie, forcés de choisir entre manger
et se chauffer, se loger ou se soigner. Cette paupérisation massive touche la
jeunesse de plein fouet, comme en témoignent les longues files d’attente devant
les distributions alimentaires. Comment l’exécutif peut-il détourner le regard
face à ces scènes d’étudiants attendant en file indienne, sac à la main,
quelques denrées pour se nourrir ? Comment peut-il fermer les yeux devant ce
retour de la faim dans certains quartiers, que seules la solidarité populaire
et certaines municipalités viennent secourir ?
Pour cette « génération Covid », point de « quoi qu’il en coûte ». Le
6 mai, les macronistes ont rejeté la proposition d’un RSA pour les jeunes
de 18 à 25 ans. Alors que les associations tirent la sonnette
d’alarme sur la nécessité d’une extension de la trêve hivernale, l’exécutif
reste droit dans ses bottes et autorisera la reprise des expulsions locatives à
partir du 1er juin. 30 000 ménages, selon les chiffres de la
Fondation Abbé-Pierre, pourraient ainsi être jetés à la rue. Au final, moins de
1 % du plan de relance sera dédié à la lutte contre la pauvreté, tandis
que des milliards d’euros sont versés aux grandes entreprises sans aucune
contrepartie contraignante.
Oui, la politique est
une question de vie ou de mort, même dans notre démocratie, qui a oublié qu’il
n’y a pas de République sans justice sociale. La lutte contre la pauvreté n’est
pas une affaire d’« assistanat », encore moins de charité ou de bonnes œuvres,
mais bien de répartition des richesses et leur confiscation par une poignée de
milliardaires. Les 1 000 personnes les plus riches du monde sont déjà
parvenues à compenser les pertes liées au Covid, quand il faudra plus de dix
ans aux plus pauvres pour se relever de la pandémie. « C’est (bien) de
l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. »
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