mercredi 5 mai 2021

Covid-19. Les maires sonnent l’alerte sur les finances des communes



Lola Ruscio

Selon une étude de l’Association des maires de France, les dépenses, conjuguées aux pertes de recettes, atteignent « environ 6 milliards d’euros ».

Les conséquences de la crise sanitaire affectent les communes. C’est le sens de l’étude dévoilée le lundi 3 mai par l’Association des maires de France (AMF). Chacun à leur tour, le secrétaire général et le coprésident de la commission finances et fiscalité locales, Philippe Laurent et Antoine Homé, ont présenté les grandes lignes de cette enquête, réalisée en partenariat avec la Banque des territoires, auprès de 1 869 communes et établissements publics de coopération intercommunale.

Dans le détail, les dépenses d’interventions liées surtout à l’achat de masques et de gels pour affronter la crise ont augmenté de façon « inédite ». S’y ajoutent les dépenses engagées par ces mêmes collectivités pour assurer le fonctionnement des services, alors qu’elles accusent, dans le même temps, des pertes de recettes tarifaires en raison de la fermeture des établissements culturels. « Ces recettes pourraient donc chuter de près d’un tiers pour la moitié des collectivités du bloc communal », relève l’enquête. Et le dispositif de garantie de recettes créé par le gouvernement n’a pas permis de compenser intégralement la diminution des ressources. Au total, la facture est salée pour les communes : environ 6 milliards d’euros sur trois ans, selon les estimations de l’AMF.

Par ailleurs, les effets de la crise se feront encore ressentir durant plusieurs années. « Le bloc communal est désormais amené à intervenir dans le domaine de la santé alors que la compétence appartient à l’État », précise également l’étude, qui pointe de nouvelles dépenses liées. Au fil du temps, les communes risquent donc de voir leurs charges augmenter de façon durable. Le document pointe aussi qu’elles ont été amenées à revoir leur stratégie d’investissement. En 2020, la baisse de l’investissement atteindrait plus de 10 %, soit une diminution « deux fois supérieure » à celle d’une première année de mandat ordinaire. Pour l’AMF, les communes doivent retrouver une marge de manœuvre budgétaire, car elles sont un pilier de la relance de l’économie. « La relance dépendra des investissements des communes qui portent 63 % des investissements », insiste Antoine Homé, maire de Wittenheim (Haut-Rhin). Si les collectivités comptent maintenir leurs projets d’investissement en 2021, celles-ci seraient freinées par un « manque de visibilité » accru par les réformes fiscales successives.

Ainsi, l’AMF plaide pour la création d’un « pacte financier » entre l’État et les collectivités locales. Ce nouveau dispositif a pour objectif « d’améliorer la visibilité, ce qui faciliterait le déploiement des investissements économiques », fait valoir Antoine Homé. Les maires seraient en première ligne de la relance économique. Une vision opposée aux « contrats de Cahors », du nom de ces dispositifs de contractualisation mis en place entre l’État et les collectivités. L’AMF n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer ce qu’elle considère comme une mise sous tutelle et un frein à l’investissement. « Nous ne voulons pas des contrats de Cahors : ce sont des méthodes nuisibles pour le pays et qui montrent malheureusement l’appauvrissement intellectuel de l’État », tance Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts-de-Seine).

 


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