dimanche 25 avril 2021

Hercule, le nom du projet change mais la casse sociale reste au programme.



Marie Toulgoat

Sus à Hercule, bienvenue à la « Grande EDF ». Face aux contestations qui entourent le projet de réforme du fleuron français de l’énergie, Bruno Le Maire laisse entendre qu’un nouveau plan serait à l’étude. La CGT dénonce une stratégie d’enfumage. ENTRETIEN.

Le ministre de l’Économie a appelé à « oublier » le projet Hercule au profit d’un nouvel « uni » et a assuré que la société ne serait pas démantelée, dans un entretien accordé vendredi à  Ouest France. La fin d’une réforme unanimement décriée par les élus de gauche et les salariés de l’énergéticien ? Rien n’est moins sûr, assure la CGT qui propose un plan alternatif.

Bruno Le Maire a annoncé la fin du projet Hercule. Est-ce un revirement salutaire pour EDF ou une simple modification de vocabulaire ?

 

SÉBASTIEN MENESPLIER : Déjà, il faut noter qu’il y a eu un démenti, pour préciser que ce n’était pas un abandon du projet de réforme, mais simplement de son nom. Cela nous a été confirmé vendredi après-midi, dans une réunion bilatérale avec le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Ils ne veulent plus entendre parler d’ Hercule, il faut maintenant dire « la Grande EDF ». Mais le contenu de ce plan de réforme est intact. Le projet reste de scinder EDF en trois sociétés, une maison mère publique, une quasi-régie hydraulique et une société dédiée aux énergies renouvelables et aux réseaux, dont le capital sera ouvert. On aura donc une séparation de la production et de la vente, et à la fin, une privatisation de l’entreprise.

Le ministre de l’Économie cherche-t-il à brouiller les pistes ?

SÉBASTIEN MENESPLIER : Il y a une stratégie qui vise à essayer de déstabiliser le personnel, l’opinion publique et les organisations syndicales. On le voit bien puisque, cette semaine, ont été organisées des réunions bilatérales où seules les confédérations syndicales ont été invitées, et pas les fédérations, alors que ce sont elles qui portent au mieux la représentation des salariés.

Pensez-vous que cela témoigne aussi de la pression que subissent Bruno Le Maire et Jean-Bernard Lévy, devant les contestations contre Hercule ?

SÉBASTIEN MENESPLIER Ce que j’ai ressenti des échanges que nous avons eus avec Bruno Le Maire, c’est que peu importe sa volonté de faire évoluer EDF et ses soutiens en France, ce projet dépend de la Commission européenne. Tout repose sur elle, la France ne maîtrise rien. Et dans cette situation, Bruno Le Maire le dit lui-même, il ne peut pas y avoir d’aboutissement sans consensus, à la fois avec l’Europe et avec les organisations syndicales. J’ai senti, cette semaine, qu’il était sur la défensive, que le ton n’était pas le même par rapport à notre précédente rencontre, le 6 avril. Mais, même si nous restons fortement opposés à cette réforme, on sait que le statu quo n’est pas possible.

Comment, dès lors, sortir de cette impasse ?

SÉBASTIEN MENESPLIER : Nous avons des propositions et nous souhaitons les faire entendre, notamment sur les statuts juridiques. Nous pensons qu’il faut sortir l’énergie du marché et qu’il faudrait donc créer deux établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), l’un pour l’électricité et l’autre pour le gaz. Créer de telles structures permettrait de rendre cohérent tout le processus – la production, la distribution, la commercialisation, mais aussi les fonctions support. Malheureusement, on n’a jamais pu être reçus pour discuter de cette alternative. Au-delà d’être inexplicable, c’est irresponsable de la part de dirigeants politiques. Si on cherche à réformer une entreprise comme EDF sans instaurer un dialogue de qualité, l’opposition est frontale. C’est ce qu’il s’est passé avec Hercule.

La mobilisation des salariés est donc toujours à l’ordre du jour…

SÉBASTIEN MENESPLIER : Oui, nous avons des mobilisations prévues tout le mois de mai, notamment le 11 à Nantes, le 18 à Lyon, le 20 à côté de Pau sur un barrage hydraulique de la Société hydroélectrique du Midi, le même jour à la centrale de Gardanne et le 25 à Flamanville. On veut montrer que nous restons opposés à cette réforme et que nous proposons un vrai programme progressiste et réaliste pour l’avenir d’EDF et de l’énergie. La contestation et la mobilisation, c’est que ce que les personnels d’EDF nous demandent, donc on s’y attelle.

 

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