La hausse des
contaminations en milieu scolaire inquiète professeurs, parents et élèves. Face
à un gouvernement qui s’enfonce dans le déni, des solutions existent et ne
demandent qu’à être appliquées.
La liste n’en finit plus de s’allonger. Une classe par-ci, une école
par-là. Les fermetures s’enchaînent ces derniers jours, laissant planer le
doute. Plus de 80 établissements scolaires et 2 000 classes affichent
porte close. Quasiment aucun département ne semble y échapper, pas même ceux
épargnés par les nouvelles mesures de restriction. La semaine dernière, le
nombre d’élèves contaminés a ainsi franchi un nouveau cap en France, passant la
barre des 15 000, selon les chiffres de l’éducation nationale, contre 9 200 une
semaine plus tôt. Une source d’inquiétude pour les parents vulnérables. « Dans
la classe de CM1 de mon fils, il y a deux cas avérés de Covid et 14 cas
contacts. Je suis très inquiète, d’autant que ma santé est fragile, je suis
immunodéprimée », explique Anne, qui vit à Vincennes (Val-de-Marne).
« Pourquoi ne fait-on rien ? »
Les écoles sont-elles devenues des foyers de contamination en puissance ?
Pas vraiment, selon le gouvernement. Le ministre de l’Éducation nationale,
Jean-Michel Blanquer, claironne sur tous les plateaux « qu’on se
contamine moins en milieu scolaire que dans le reste de la société ». Pour
lui, les contaminations chez les enfants ont majoritairement lieu « en
famille » et non à l’école. Le premier ministre vante la fierté
française : celle qui consiste à avoir maintenu ouverts les établissements
scolaires. « Les écoles ouvertes, c’est notre marque de fabrique. C’est
ce que nous fermerons en dernier. Je vous invite à le revendiquer ! » a-t-il
lancé aux députés, mardi 23 mars, comme pour marquer la différence avec
l’Allemagne et le Royaume-Uni, notamment. Les enseignants, eux, déplorent
le « débat binaire » dans lequel s’est « enfermé » le
ministre. « Pour Jean-Michel Blanquer, soit on ouvre complètement les
écoles, soit on les ferme. Il n’y a pas de juste milieu. Or il existe tout un
tas de paliers intermédiaires sur lesquels travailler », déplore Sophie Vénétitay,
du Snes-FSU, principal syndicat des enseignants du secondaire.
« Pourquoi ne fait-on rien ? s’insurge Nicolas Glière, professeur
de français et membre du mouvement des stylos rouges. Sur le terrain,
il n’y a aucun respect de la distanciation, mes élèves sont à 40 centimètres
les uns des autres. » Il parle d’ « incompétence »,
de « mensonges » et de « mépris », venant du plus
haut niveau de l’État. « Depuis le mois de juin 2020, nous demandons
que des demi-groupes soient instaurés. Et pour soulager les parents qui travaillent,
on propose que les mairies ouvrent des salles municipales pour accueillir la
moitié des élèves », poursuit-il.
« La clé : embaucher massivement »
Les solutions ne manquent pas, encore faut-il les mettre en place, et avec
des moyens. C’est là que les choses se compliquent. « Dans certaines
écoles, quand un professeur est déclaré positif, les élèves sont répartis dans
d’autres classes. On manque de remplaçants, des classes sont surchargées »,
pointe Guislaine David, porte-parole du Snuipp-FSU, syndicat majoritaire dans
le primaire. Elle préconise d’ « installer des capteurs de CO2 et
des purificateurs d’air quand la distanciation ne peut être assurée ». Pour
Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, principale fédération de parents
d’élèves, « les écoles tournent au ralenti, faute de moyens humains et
matériels suffisants. Cela renforce les inégalités, la clé c’est d’embaucher
massivement ».
Pour tenter d’enrayer
l’épidémie, les tests salivaires ont été lancés dans les écoles primaires, le
22 février, permettant, en théorie, de dépister les élèves à grande
échelle. Mais, un mois après, force est de constater que le dispositif n’est
pas à la hauteur. « On est loin des 300 000 tests annoncés par
semaine. Il faut mettre la priorité sur les zones où le virus circule le plus »,
propose Guislaine David. Les collèges et lycées ont privilégié les tests nasopharyngés,
avec « de très faibles tests, pas forcément bien acceptés »,
indique Sophie Vénétitay. Pourtant, « il est urgent de tester si on
veut briser les chaînes de contamination ». La vaccination des personnels
éducatifs est quant à elle très attendue. Promise par Emmanuel Macron d’ici à
la mi-avril, elle devrait permettre aux enseignants de faire classe dans des
conditions à peu près normales.
Les mesures de freinage étendues
L’Aube, la Nièvre et le Rhône devraient
s’ajouter aux seize départements soumis à des mesures de freinage
renforcées. « La situation épidémique est mauvaise et il nous faut agir, aller
plus loin, (…) là où l’hôpital est le plus éprouvé », a déclaré le porte-parole
du gouvernement, Gabriel Attal. Le gouvernement reste donc fidèle à sa
stratégie de territorialisation et de riposte graduée, alors que médecins et
épidémiologistes réclament un confinement strict dans les zones où l’épidémie
flambe. Ainsi, en Île-de-France, le directeur de l’AP-HP a reconnu que les
services n’ont « pas connu un nombre d’entrées aussi haut en 24 heures
depuis la première vague » de mars 2020.
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