André Laignel dénonce le désengagement de l’exécutif
vis-à-vis des collectivités pour les vaccins et une logistique qui n’est pas
adaptée au terrain.
Les associations des maires et des maires ruraux
alertent sur les disparités d’accès aux vaccins sur le territoire et sur les difficultés
rencontrées par les communes à qui l’État a reproché la démultiplication des
centres de vaccination.
Vous avez interpellé le
gouvernement. À quoi êtes-vous confronté dans la campagne de vaccination ?
ANDRÉ
LAIGNEL : La problématique était de savoir
où devaient être installés les centres de vaccination, et combien par
département. Dans certains, comme le mien, ça s’est assez bien réglé, car le
préfet a été à l’écoute, et nous avons réussi à faire en sorte que la proximité
garde un sens. Mais ce n’est pas le cas partout. Nous avons beaucoup de
remontées de maires qui considèrent que l’accès aux centres de vaccination est
très problématique pour nombre de leurs concitoyens qui n’ont pas de moyens de
locomotion. Ce n’est pas seulement vrai en zone rurale, ça peut l’être aussi
dans les quartiers populaires.
Comment expliquez-vous
ces inégalités ?
ANDRÉ
LAIGNEL : Des consignes de ne pas trop en
faire ont été données. À certains endroits, la pression des élus a été
suffisamment forte et écoutée pour passer outre et que la proximité des centres
soit maximale. Le gouvernement le leur a parfois reproché, ce qui est
inacceptable alors que l’État n’est manifestement pas en mesure de maîtriser la
logistique. Il est clair qu’on ne peut pas faire des centres de vaccination
dans toutes les communes. Mais dans des départements ruraux comme le mien
(l’Indre), on a quand même mis en place 14 centres, alors que dans
beaucoup d’autres ils sont réduits à trois. Je fais un reproche quasi permanent
à ce gouvernement, pas seulement sur les questions de santé : son système de
gestion consiste à tout mettre au carré, alors qu’il faudrait au contraire un
peu de finesse… Bien souvent, ce n’est donc pas adapté au terrain.
Vous devez en outre
faire face à la pénurie de vaccins…
ANDRÉ
LAIGNEL : Après avoir appelé les Français à
se vacciner en masse, on leur demande de patienter. Cela engendre de l’anxiété,
de la colère et de la violence. On a du mal à avoir une vision précise de la
suite. On est dans la même problématique depuis le tout début de la pandémie.
Sans les collectivités locales, beaucoup de soignants se seraient retrouvés
sans masques. Et ce sont les municipalités qui ont été les plus rapides pour en
produire, qui ont été les plus pénalisées ensuite, puisqu’elles n’ont pas été
remboursées, contrairement à celles qui s’y étaient prises plus tardivement. On
pourrait en dire autant pour les tests. Puisqu’il n’y a pas eu assez de tests
ou pas de centres de test… Les collectivités ont dû veiller à les mettre en
place, en partenariat avec les acteurs de la santé, y compris en prêtant du
personnel. Avec la vaccination, nous faisons face à ce même défaut de
logistique. L’État est incapable de faire confiance de manière claire aux élus
locaux, il essaie de gérer ça comme les généraux en 1914 avant l’arrivée de
Clemenceau… L’état-major qui s’occupe de l’intendance, ça n’a jamais marché.
Quelle est la nature des
dépenses que vous devez engager dans la campagne de vaccination ? Que vous
répond l’État ?
ANDRÉ
LAIGNEL : Là où un centre hospitalier est
implanté, on procède par un partenariat avec la mairie. Dans ma ville, nous
fournissons du personnel, et le centre hospitalier s’occupe du reste. Lorsqu’il
n’y a pas d’hôpital, les communes fournissent le personnel, administratif
essentiellement, mais aussi des locaux. Il faut y ajouter des frais
d’entretien, des interventions techniques, tels que les charges de
désinfection. Aucun engagement n’a été pris sur la moindre prise en compte de
ces dépenses financières. Nous suppléons à l’absence de l’État, mais il n’en
tient pas compte.
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