Emmanuel Macron ne sera pas en mesure de tenir ses
engagements environnementaux de 2017. Le climat est pour lui l’occasion de
donner du « en même temps », quand l’exécutif se déporte trop à droite.
Petits arrangements avec la vérité. Le
7 février, Emmanuel Macron et la ministre de la Transition écologique,
Barbara Pompili, se félicitaient de concert : « La France a tenu ses
engagements climatiques » en 2019, et est même allée « au-delà ».
Avec 1,7 % de baisse des émissions de gaz à effet de serre, le pays est en
effet au-dessus de son objectif de 1,5 %. À une subtilité près. Cet
objectif était fixé à 2,3 %, puis a été revu à la baisse en 2019 lors
d’une révision de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), qui fixe le cap.
Une SNBC que l’État n’a déjà pas respectée sur la période 2015-2018, ce pour
quoi il a été condamné dans le cadre de l’Affaire du siècle.
Revoir ses objectifs à la baisse pour
pouvoir les atteindre : un bon résumé du rapport macroniste à l’écologie. Il
suffit, pour s’en convaincre, d’en revenir aux promesses de la campagne de
2017. Où en sommes-nous de ces engagements, au demeurant peu ambitieux, vertement
qualifiés de « bien fades » par Greenpeace, dans son étude
comparative des programmes ?
Quelques-uns ont été tenus. Sur
l’automobile, la prime à la conversion a bien été mise en place pour favoriser
l’achat de véhicules moins polluants. La fiscalité du diesel a, comme annoncé,
été augmentée pour s’aligner sur le prix de l’essence. Sur l’habitat, les
rénovations thermiques vont à un rythme d’environ 150 000 logements par an
(l’objectif, certes faible, est à un million d’ici à 2022).
Sur le reste… Le candidat Macron
promettait la fermeture des quatre dernières centrales électriques à charbon,
une mesure au demeurant contestée par les salariés de l’énergie ? Macron
président y a renoncé. En marche jurait que les œufs de poules en batterie
seraient interdits sur le marché d’ici à 2022 ? En 2018, le gouvernement s’est
opposé à l’Assemblée à un amendement LaREM allant dans ce sens, enterrant la
promesse. Le président de la République signe, comme annoncé en campagne, une
loi interdisant la recherche d’hydrocarbures sur le sol français ? Dans le même
temps, des permis de prospection sont prolongés.Quant aux objectifs chiffrés,
ce n’est guère mieux. L’ambition de rehausser la part du renouvelable dans
l’assiette énergétique à 32 % en 2022 est hors d’atteinte (elle est
aujourd’hui autour de 20 %), comme celle de ramener à 50 % la part du
nucléaire (elle était à 79 % en 2019).
Une volonté très marketing de tenir un référendum sur le climat
Emmanuel Macron a beau affirmer « avoir
changé », prononcer volontiers le mot « écocide » jadis
réservé aux cercles militants, ces élans verts relèvent aussi – surtout –
du calcul politique. Il y a eu, en cela, un déclic : les européennes de mai
2019. En plein mouvement des jeunes pour le climat, le scrutin a été marqué par
une déportation du vote social-démocrate de LaREM à EELV, consécutive à une
droitisation de la politique gouvernementale (loi asile et immigration, réforme
du travail, de l’enseignement supérieur, de la SNCF…). Ce que les municipales
ont ensuite confirmé. Or, le président de la République ne peut pas se priver
complètement de cet électorat et tout miser sur un siphonnage en règle des voix
de LR.
Surtout en cas de second tour, et a fortiori s’il se
rejoue contre Marine Le Pen. Les sondages récents montrent ainsi qu’un
désengagement du vote de gauche conduirait l’écart à se resserrer
dangereusement entre le président de la République et la députée RN, rendant
envisageable une victoire de cette dernière. Autrement dit, à délaisser le
centre gauche, Macron pourrait y laisser son trône. C’est à cette aune-là qu’il
faut aussi lire sa volonté, très marketing, de tenir un référendum
constitutionnel sur le climat, ou d’ouvrir le chantier de la loi « climat et
résilience » pour contrebalancer les sulfureuses et droitières lois « sécurité
globale » et « séparatisme ».
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