Un an après avoir porté plainte contre l’État pour
inaction climatique, quatre ONG incitent les citoyens à cartographier les
préjudices induits par le réchauffement partout en France.
C’était il y a un an : quatre ONG
lançaient ce qui allait devenir, en quelques jours, un hit du mouvement citoyen
anti-hot. L’Affaire du siècle, cette plainte déposée par Oxfam, la Fondation
Nicolas Hulot (FNH), Notre affaire à tous et Greenpeace contre l’État,
pour les préjudices engendrés du fait de son inaction climatique, prenait son
envol. Dans les jours qui suivaient, plus de 2 millions de personnes signaient
une pétition soutenant la démarche, offrant là un record en termes de paraphes
à la minute.
Douze mois se sont écoulés, et
l’instruction suit son cours devant le tribunal administratif de Paris. Les
organisations, elles, relancent la machine et appellent les citoyens à nourrir
le dossier juridique autant que la mobilisation en témoignant de la réalité des
bouleversements climatiques. Objectif : dresser une cartographie inédite des
préjudices constatés sur le territoire français (1).
« Un an après notre plainte, l’urgence
climatique est toujours aussi forte », rappelle
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. « Le
verdict viendra quand il viendra, en attendant, nous n’allons pas rester les
bras croisés », insiste le responsable.
Que s’est-il passé durant ces douze mois ?
Côté action étatique, rien qui ne permette de se sentir rassuré. En février,
l’État a reconnu dépasser les plafonds établis dans le cadre de la Stratégie
nationale bas-carbone (SNBC). Sur la période 2015-2019, son « budget carbone » révèle
ainsi un excès de 4 %. Depuis, la France continue de traîner à
prendre les mesures en conséquence. Certes, elle a décrété l’urgence climatique
et pris, en septembre, la résolution d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Mais rien ne vient étayer la sincérité de son discours. Elle envisage toujours
de n’avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre (GES) que de 40 %
en 2030. Insuffisant, insistent les ONG, s’appuyant sur les données du
Giec. « À ce rythme, la neutralité carbone ne serait obtenue qu’en
2093, soit avec quarante-trois ans de retard », relèvent-elles,
plaidant pour porter cet objectif de moyen terme à -55 % de GES, comme
l’Union européenne s’est récemment engagée à le faire.
Vagues de chaleur et pluies intenses
Côté recours en justice, la procédure a
consisté, pour l’heure, en un aller-retour de courriers et autres requêtes. Le
18 décembre 2018, les quatre ONG se sont donc saisies du levier juridique
pour demander à l’État de rendre compte des préjudices subis du fait de ses
carences fautives en matière de lutte contre le réchauffement. Celui-ci
disposait de deux mois pour répondre. Le 15 février, il plaidait non
coupable sous la plume de François de Rugy, alors ministre de la Transition
écologique et solidaire, lequel estimait en faire déjà beaucoup sur la
question. À la suite de ce rejet, les organisations ont déposé une requête
sommaire devant le tribunal administratif de Paris contre l’inaction climatique
de l’État, consolidée, en mai, d’un mémoire complétant leur argumentaire. La
balle, à présent, est dans le camp de l’État, dont on attend de nouveau la
réponse.
D’ici à ce qu’elle tombe, les
organisations entendent maintenir la pression, entre autres en cartographiant
les impacts du réchauffement en France. « On a souvent tendance à les
croire réservés aux pays du Sud », reprend Jean-François Julliard.
Mais intensification des tempêtes et sécheresses ne sont pas l’apanage de
l’Asie ou de l’Afrique. Vagues de chaleur et pluies intenses se multiplient
aussi en France, y compris métropolitaine. « Nous voulons montrer la
diversité géographique des territoires touchés, ainsi que celle des préjudices
induits. » Ils sont émotionnels, quand les événements extrêmes
induisent de l’angoisse ; économiques, quand ils génèrent des pertes de
revenus, par exemple agricoles ; ou encore environnementaux, quand des
écosystèmes s’en trouvent bouleversés. « Nous nous réservons la
possibilité de proposer que les témoignages les plus étayés soient versés au
dossier que nous présenterons lors de la première audience », conclut
Jean-François Julliard. Les avocats des quatre ONG comptent que celle-ci puisse
avoir lieu avant le début 2021.
(1) Laffairedusiecle.net,
#TémoinDuCLimat
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