mardi 23 février 2021

« Débat légitime », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité



L’apparition des variants, leur dissémination sur les territoires, leur contagiosité explosive dans certaines régions bousculent les stratégies sanitaires mises en place en France, mais également en Europe et dans le monde.

Dans ce contexte d’insécurité ­sanitaire parsemé de nombre d’inconnues, un débat légitime se fait jour sur la meilleure manière de faire face à la pandémie. Continuer dans la voie sanitaire suivie jusqu’à présent ou changer ? Il y a ceux qui prônent une stratégie « zéro Covid », et citent en exemple la Nouvelle-­Zélande ou l’Australie. Une stratégie visiblement efficace d’après les chiffres. Mais ultra­-contraignante, insoutenable même pour un pays comme la France, assurent les ­opposants à cette option, faisant valoir l’insularité néo-­zélandaise, la densité et la mobilité de la population européenne, sans oublier l’acceptabilité sociale et démo­cratique d’une telle mesure. Ceux-là prônent donc une stratégie de « vie avec le virus », qui passe par « respecter au maximum les gestes barrières, ne pas rencontrer trop de personnes, accepter de se faire tester, mettre en place les ­dépistages très fréquents », et cela jusqu’à l’immunité collective.

Il est important que ce débat ait lieu. Il faut que les peuples et leurs représentants comprennent et maîtrisent les causes de l’insuffisance des moyens hospitaliers et de vaccins et, dans ce contexte, les conséquences positives et négatives de chacune de ces stratégies afin de pouvoir se ­déterminer et assumer en connaissance de cause. Mais il faut également que le débat ait lieu jusqu’au bout sur tous les autres sujets et questions qu’a fait surgir le virus. Que cela soit sur le plan sanitaire, économique, social ou sociétal. C’est la condition pour ne pas subir la stratégie du choc ­décrite par Naomi Klein, qui ferait encore reculer nos droits démocratiques et sociaux. Car ce qui se joue aussi, dès maintenant, ce n’est rien de moins que la direction que vont prendre nos sociétés pour les prochaines décennies. 

 

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