La souche apparue en Grande-Bretagne alimente les
craintes à la veille des fêtes de fin d’année. Aucun reconfinement ne semble
envisagé en France.
Covid, saison 2 ? C’est comme un mauvais
film qui semble se rejouer avec l’apparition d’une souche mutante en
Grande-Bretagne. Encore et toujours là, le coronavirus. Encore plus contagieux
et plus dangereux ? Les Français collectionnent plus les questions et craintes
qu’ils n’élaborent les plans de table de Noël. Éléments de réponse.
1/ Que sait-on de cette évolution du virus ?
Cette nouvelle version du virus, détectée
aux alentours de Londres, se transmet bien plus rapidement que la version
principale du virus, à laquelle font face tous les pays du monde depuis presque
un an. Selon le premier ministre britannique, Boris Johnson, reprenant les
travaux des chercheurs de son pays, elle serait 40 à 70 % plus contagieuse
que celle déjà connue. Repérée en septembre sous le nom de VUI-202012/01, cette
nouvelle souche du Sars-CoV-2 aurait pu n’en être qu’une parmi d’autres. C’est
en raison de son haut niveau de contagiosité qu’elle inquiète fortement les
autorités britanniques. En décembre, elle serait devenue la forme « dominante »
du virus dans la capitale du Royaume-Uni, entraînant « une très forte
hausse » des hospitalisations en décembre, selon un conseiller
scientifique du gouvernement. 62 % des contaminations du mois de décembre
dans la capitale du Royaume-Uni et 43 % dans le sud-est du pays lui
seraient imputables. En revanche, rien ne permet pour l’heure d’affirmer que la
nouvelle souche engendre des formes plus sévères de la maladie.
2/ Quelle est la stratégie de Boris Johnson ?
Le reconfinement de Londres et du sud-est
de l’Angleterre montre que le premier ministre britannique a bel et bien
abandonné la stratégie d’immunisation collective de la population qu’il
poursuivait au début de la pandémie. Il avait attendu le 23 mars pour
confiner. Bilan : le Royaume-Uni est le deuxième pays européen, derrière
l’Italie, où le coronavirus a fait le plus de victimes (plus de 67 000). Pour
l’heure, l’exécutif britannique se trouve sans solution alternative, le nombre
de doses disponibles ne permettant de vacciner que 6 millions de personnes,
soit les personnels soignants et les habitants de plus de 80 ans. Le
revirement du premier ministre, à quelques jours de Noël, ne manque pas de
susciter les critiques dans les rangs conservateurs. Le passage entre
l’Angleterre et l’Écosse est interdit, même si le chef de la police de cette
région dirigée par le Scottish Nationalist Party a écarté, pour l’heure, des
blocages routiers. En revanche, les patrouilles seront plus nombreuses. La
nouvelle souche de coronavirus n’est pas seule en cause dans la situation
difficile outre-Manche : un tiers des hôpitaux ont plus de patients du Covid
qu’ils n’en avaient lors de la première vague de l’épidémie, au printemps
dernier.
3/ La France va-t-elle changer de cap pour Noël ?
Par « principe de précaution », le conseil
de défense sanitaire a suspendu, à l’instar de l’Allemagne ou des Pays-Bas,
tous déplacements en provenance du Royaume-Uni, à partir du dimanche
20 décembre minuit, pour 48 heures. Ce délai doit permettre à Paris
de convenir d’un nouveau régime de tests, en coordination avec les autres États
européens. Les vols sont donc suspendus, ainsi que les ferries et les Eurostar.
Le dernier train, bondé, est arrivé gare du Nord dimanche soir. Le transport de
marchandises se trouve, lui aussi, suspendu (à l’exception du transport non
accompagné) : les camions de transport à destination du Royaume-Uni sont donc
immobilisés. Pour Paris, outre la reprise du trafic commercial, il y a la
question délicate des expatriés. Il y en aurait environ 350 000, dont plus de
la moitié dans le Grand Londres. « Nous veillerons particulièrement à
la situation spécifique des ressortissants français qui ont prévu de rentrer en
France pour passer les fêtes de fin d’année en famille », a déclaré
Matignon, qui conseille d’ores et déjà de faire un test PCR pour préparer un
éventuel retour en France. La décision finale est attendue ce mardi. Si
Emmanuel Macron a appelé à « redoubler de vigilance » face aux
mutations du virus, le pouvoir exclut, jusqu’ici, tout changement de cap pour
les fêtes de fin d’année. Pas de reconfinement en perspective.
4/ Comment réagissent les autres pays européens ?
Alors que le Royaume-Uni négocie sa
nouvelle relation au reste de l’Union européenne (UE) après le Brexit, il fait
face à une sorte de blocus. Plusieurs pays européens – mais aussi Hong Kong,
l’Inde, l’Arabie saoudite, l’Iran et le Canada – ont interdit dimanche
temporairement l’accès à leur territoire aux personnes en provenance du
Royaume-Uni. Des dizaines de passagers ont ainsi été ainsi bloqués dans les
aéroports allemands ; certains ont été accueillis par la police à leur descente
de l’avion et ont dû dormir sur des lits de camp, après avoir été soumis à des
tests. Bien que l’épidémie dure désormais depuis une année, les décisions des
États membres de l’Union européenne semblent continuer de se faire en ordre
dispersé. Au point que, dimanche, le gouvernement espagnol a demandé une
réponse coordonnée. « L’objectif est de protéger les droits des
citoyens européens à travers la coordination et en évitant des mesures
unilatérales », a exhorté Madrid, qui a tout de même décidé lundi, comme
Lisbonne, de fermer ses frontières aux vols en provenance du Royaume-Uni. Dans
un communiqué, le Centre européen pour la prévention et le contrôle des
maladies soulignait lundi que des cas de la nouvelle souche de coronavirus
avaient d’ores et déjà été détectés au Danemark et aux Pays-Bas.
5/ les vaccins seront-ils toujours efficaces ?
Alors que l’Agence européenne des
médicaments a autorisé officiellement, lundi, l’usage du vaccin
Pfizer-BioNTech, dont les premières doses pourraient être inoculées dès le
27 décembre (lire notre encadré), une question hante les esprits : ce
sérum et les autres en cours d’homologation protègeront-ils aussi contre la
variante venue de Grande-Bretagne ?
« Pour le moment, il n’existe aucune
preuve suggérant que ce vaccin ne soit pas efficace contre la nouvelle
variante », a répondu, par une double négation, la
directrice générale de l’agence, Emer Cooke. Un discours rassurant qui était
aussi celui tenu par plusieurs ministres de la Santé du Vieux Continent dans
les dernières heures. « Il n’y a pas de raison de penser que les
vaccins seraient moins efficaces (contre cette nouvelle souche) car les
anticorps développés par les deux principaux vaccins qui arrivent (ceux
de Pfizer et de Moderna – NDLR) ne ciblent pas cette zone mutée du
virus », a détaillé Olivier Véran sur Europe 1. Ce constat aurait été
dressé par les experts de l’Union européenne, réunis dimanche en Allemagne,
pays qui assure la présidence tournante de l’Union européenne. Cette efficacité
contre la variante britannique du virus, « ce serait une très bonne
nouvelle », a commenté le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, un
poil plus prudent. De fait, la plupart des vaccins en préparation utilisent la
protéine Spike, sur laquelle s’accroche le virus, pour déclencher une réponse
immunitaire protectrice. Or, « même si quelques parties (de
cette protéine) changent (avec la nouvelle souche), il reste toutes les autres
parties pour reconnaître » le virus, précise Emma Hodcroft,
épidémiologiste à l’université de Berne. Si, malgré tout, la mutation s’avérait
plus profonde, tout ne serait pas perdu pour autant. « Alors, il
faudrait faire ce que nous faisons tous les ans avec la grippe : faire évoluer
le vaccin. Les scientifiques savent le faire », a plaidé un Olivier Véran
convaincu de l’efficacité du vaccin.
Le vaccin pfizer-biontech autorisé dans l’ue
L’Agence
européenne des médicaments a autorisé lundi la mise sur le marché du vaccin
Pfizer-BioNTech. « C’est un pas en avant important dans la lutte contre cette
pandémie à l’origine de souffrances et d’épreuves. Il s’agit vraiment d’une
réussite scientifique historique, en moins d’un an, un vaccin aura été
développé et autorisé contre cette maladie », a déclaré Emer Cooke, sa
directrice générale. Les premières vaccinations devraient se dérouler dès la
semaine prochaine. Les pays ont chacun leur stratégie vaccinale. Dans la
plupart des cas, les personnes âgées et le personnel médical bénéficieront des
premières doses.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire