C’est une mauvaise nouvelle à double titre
qui vient clore cette année 2020. La mort de trois soldats français est
toujours et d’abord une tragédie pour leur famille et pour le pays. Mais c’est
aussi un drame qui vient fragiliser les succès dont les autorités militaires et
politiques s’étaient réjouies ces dernières semaines. D’autant que ces trois
soldats ont trouvé la mort à Hombori, aux confins du désert du Gourma, en
pleine zone des « trois frontières », entre Mali, Niger et Burkina Faso,
justement là où le chef d’état-major des armées, François Lecointre, avait
parlé de « bilan très positif » à propos de l’opération « Barkhane ». Il avait
même commencé à évoquer l’hypothèse que le renfort de 600 hommes décidé à
Pau en janvier 2020, lors du G5 du Sahel, soit rappelé en France. Le premier
ministre, Jean Castex, qui va se rendre au milieu des troupes françaises au
Tchad pour le réveillon du 31 décembre devait lui aussi, à la faveur d’une
rencontre avec le président Idriss Déby, enclencher une réflexion sur le
maintien des troupes françaises au Sahel.
Si la stratégie de Pau a permis de porter
de sérieux coups aux groupes terroristes, force est de constater que « la
guerre contre le terrorisme » semble sans fin. L’engagement de la France en
2013 pour bloquer l’offensive djihadiste au Mali avait un double objectif à
plus long terme : Contenir la contagion salafiste et former les armées locales
à prendre la relève. Mais « Serval » et « Barkhane » se soldent par un double
échec : la zone d’instabilité provoquée par les groupes armés se revendiquant
d’al-Qaïda ou de l’« État islamique » s’est étendue à l’ensemble du Sahel.
Quant aux armées locales, elles se révèlent incapables de faire face au défi
sécuritaire et essuient des pertes considérables.
La réponse française, strictement militaire, a suivi
sans surprise la même trajectoire que les fiascos afghan, irakien et libyen. Le
seul déploiement de troupes, loin de défaire les djihadistes, entretient
désormais une dangereuse instabilité. C’est dire qu’il n’y aura pas dans la
région de victoire militaire et de règlement politique sans de vraies
politiques de développement et solutions africaines qui ne soient pas des
paravents d’autres intérêts.
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