Aurélien SOUCHEYRE
Ainsi surnommé par Fidel Castro, Maradona était un
citoyen du monde engagé pour l’émancipation des peuples, de l’Amérique latine à
la Palestine.
La « main de Dieu » a rappelé Maradona.
C’est ainsi qu’il avait qualifié son but inscrit de la main lors de la Coupe du
monde 1986. Le génial argentin était un fervent croyant. C’était aussi un
citoyen mondial, engagé à gauche. En 1995, l’enfant des bidonvilles de la
banlieue de Buenos Aires lance le premier syndicat mondial dédié aux
footballeurs professionnels. Il concrétise depuis Paris ce « rêve » qu’il
voulait « partager avec d’autres joueurs, pour que nous soyons
solidaires de tous les footballeurs qui ont besoin de nous ». Cantona,
Rai et Weah soutiennent le projet. À l’époque, les joueurs n’étaient pas
représentés directement au sein de la Fédération internationale des
footballeurs professionnels. Ce qui sera obtenu en 2001.
Tel n’a pas été le seul combat politique
de cet enfant de la balle. Tatouage du Che sur l’épaule et de Fidel Castro sur
le mollet, il rencontre le révolutionnaire en 1987. « On a passé cinq
heures à discuter du Che, de l’Argentine, de Cuba », déclare El Pibe
de Oro dans le documentaire que lui a consacré Emir Kusturica. Se rendant
régulièrement sur l’île, il est présent aux funérailles de Castro, en 2016, et
se dit « terriblement triste, parce qu’il était pour moi comme un
second père ». « C’est le seul homme politique qu’on ne pourra jamais traiter
de voleur, même si l’Amérique ne s’en prive pas », ajoute-t-il.
Le dribbleur fou a aussi soutenu avec
ferveur la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez. En 2005, il rejoint en train
le sommet des peuples, organisé à Mar del Plata, en compagnie du président
bolivien Evo Morales. « Je suis fier d’exprimer mon rejet à l’égard de
cette poubelle humaine que représente Bush. Je veux que tous les Argentins
comprennent que nous luttons pour la dignité », clame-t-il. En 2017
puis 2019, il se tient aux côtés du président Nicolas Maduro, et se
revendique « soldat pour un Venezuela libre ». Il s’en prend
directement à Donald Trump qui tente de déstabiliser le pays : « Les
shérifs de la planète croient qu’ils peuvent nous piétiner parce qu’ils ont la
bombe. Mais non, pas nous. Leur tyran de président ne peut pas nous acheter. »
Toujours du côté des démunis
Maradona disait qu’il était né dans
un « quartier privé de Buenos Aires… privé d’eau, d’électricité et de
téléphone ». Il en restera marqué à vie, toujours du côté des démunis.
En 2014, il fustige le déluge de feu lancé par Tel-Aviv sur Gaza. « Ce
qu’Israël fait aux Palestiniens est honteux. » Il ira jusqu’à
dire : « Dans mon cœur, je suis palestinien », en 2018. La
même année, alors que des footballeurs de renom soutiennent Bolsonaro au
Brésil, il s’insurge et cri : « Ils ont volé la présidence à Lula ! » Un
an plus tard, il se révolte devant le « coup d’État orchestré en
Bolivie » contre Evo Morales, « une personne qui a toujours
travaillé pour les plus pauvres ».
Lors d’un voyage à Rome, il s’ « embrouille » avec
Jean-Paul II. « J’ai vu les plafonds recouverts d’or et j’ai entendu
raconter que le pape se préoccupait des enfants les plus pauvres. Mais qu’il
vende ses plafonds ! » Dans son pays natal, il a soutenu Nestor puis
Cristina Kirchner, et enfin Alberto Fernandez, président qui a décrété trois
jours de deuil national. En 1986, il avait donc marqué de la main contre
l’Angleterre, avant de signer le « but du siècle » à la suite d’une longue
chevauchée. « C’était comme si on avait battu un pays et non une équipe
de football. Beaucoup de mômes argentins sont morts, ils les ont tués comme des
petits oiseaux. C’était une revanche. Comment ça aurait pu être un simple
match, bordel ! », s’était-il exclamé, hanté par la guerre des
Malouines.
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