Dès lundi, les sénateurs LR ont voulu voter une
réforme constitutionnelle, au motif de « renforcer » la laïcité, trois jours
seulement après l’assassinat de vendredi.
Les parlementaires LR font assaut de
propositions depuis l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, pour
lutter contre la « radicalisation islamiste ». Hasard du calendrier,
le Sénat a examiné, lundi, un projet de réforme constitutionnelle dédiée à
cette question. Si ce texte a été rédigé et inscrit à l’ordre du jour bien
avant la tragédie de vendredi, il serait porteur de solutions immédiates,
insistent les sénateurs de droite. Il permettrait de porter un « coup
d’arrêt au projet totalitaire de l’islamisme radical dans notre pays », estime
le sénateur Philippe Bas, qui a déposé le texte avec les présidents de groupe
Bruno Retailleau (LR) et Hervé Marseille (UC). « Notre société se
fragmente avec la montée des communautarismes, qui défient la République dans
tous les secteurs de la vie quotidienne », ajoute le président LR de
la commission des Lois, François-Noël Buffet. Mais que contient la réforme dont
le nom appelle à « garantir la prééminence des lois de la
République » ? Elle vise d’abord à écrire dans la Constitution
que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de
son origine ou de sa religion pour s’exonérer de la règle commune ». Et
ensuite d’inscrire que les partis et groupements politiques doivent respecter
les principes de « la souveraineté nationale, de la démocratie et de la
laïcité ».
« Nous avons l’obligation et le devoir de trouver les bonnes réponses»
« C’est parfaitement inutile. La laïcité
est déjà largement consacrée dans notre Constitution, son préambule, dans la
loi de 1905 et dans le Code de l’éducation », mesure
Éliane Assassi, présidente du groupe CRCE. Le premier article de notre Loi
fondamentale stipule d’ailleurs que la France « assure l’égalité devant
la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de
religion ». Égaux devant la loi, donc devant le respect de la loi –
l’ajout du groupe LR étant de fait un doublon dont l’objectif est sans doute
communicationnel. « Avant l’effroyable crime de vendredi, nous étions
déjà opposés à ce texte. Mais depuis, la donne a changé : j’aurais aimé que,
par décence, les élus LR enlèvent leur texte de loi sans chercher une forme de
récupération. J’ai écrit en ce sens au président du Sénat, Gérard Larcher. Il
convient d’attendre l’hommage national de mercredi avant de présenter ce
texte », regrette la parlementaire communiste, dont le groupe n’a
participé ni au débat, ni au vote, passé son intervention liminaire. Ce temps
viendra après le recueillement, défend l’élue. « Nous avons
l’obligation et le devoir de trouver les bonnes réponses. L’obscurantisme
religieux n’a pas sa place dans la République. La mouvance islamo-radicale doit
être combattue pour ce qu’elle est : une idéologie fascisante qui est une
véritable plaie pour notre République, notre démocratie et notre société. Mais
ce n’est pas avec une surenchère, à coups de projets de loi examinés en deux
heu res au Sénat, que nous allons avancer : il faut un débat qui
infuse partout dans la société », prévient-elle.
Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale,
Damien Abad, a lui aussi présenté des propositions. Il souhaite avoir une « laïcité
plus exigeante » dans la Constitution pour pouvoir « sanctionner
ses atteintes ». Après l’assassinat de vendredi, il appelle aussi à
créer un cours de laïcité et une épreuve obligatoire dédiée au brevet, un « service
à la nation obligatoire de quatre à six mois dans les armées », et
l’interdiction des menus confessionnels dans les écoles publiques. « Pour
s’attaquer aux racines du mal, il faut surtout des moyens, pour les services de
renseignements et pour l’école. Et il ne faut surtout pas amalgamer des
assassins fachos aux millions de citoyens français de confession musulmane qui
tous les jours respectent les valeurs de la République », alerte
Éliane Assassi.
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