Les rassemblements de dimanche n’étaient pas terminés que, derrière l’émotion suscitée par le crime ignoble commis contre Samuel Paty et les hommages, apparaissaient déjà les calculs. Nous sommes face à une véritable course à l’échalote entre la droite et l’extrême droite, à laquelle participe également le pouvoir pour revendiquer une place de champion, non seulement face au terrorisme islamiste, mais face à une menace diffuse et globale qui serait dirigée contre les valeurs de la République et son existence même.
C’est à qui usera des mots les plus forts.
Le RN parle de guerre, demande une législation d’exception et un moratoire sur
l’immigration. « Les Républicains » veulent un référendum pour mettre la
pression sur le gouvernement, évoquent la fermeture des lieux de culte, le
droit d’asile, un référendum en faveur de la laïcité, comme si elle n’était pas
inscrite dans la Constitution. On peut regretter que Jean-Luc Mélenchon,
probablement inquiet de l’étiquette d’islamo-gauchisme accolée à la France
insoumise, ait choisi de parler sans nuance des Tchétchènes, dont certains
saluaient, il y a quelques années, la lutte contre Poutine qui voulait « les
buter jusque dans les chiottes ».
Avant ces journées tragiques, le président avait
ouvert le bal des cyniques en introduisant dans le débat politique le mot de
séparatisme. Un concept suffisamment vague pour entretenir le flou et la
confusion. S’il y a des activités clairement séparatistes dans le pays, il faut
les nommer. Il y a, une lutte déterminée à mener contre le terrorisme islamiste
dont souffrent autant que n’importe qui les musulmans de France amenés à vivre
dans un monde du soupçon. Ce n’est pas de manier la peur, que nous avons
besoin, mais de confiance des citoyens les uns envers les autres avec un double
non. Non au terrorisme islamiste. Non aux surenchères sécuritaires stigmatisant
pêle-mêle les migrants, les musulmans, les quartiers difficiles ou plus
exactement en difficulté. C’est ce double non qui est un oui à la République.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire