Le terrorisme islamiste a encore frappé.
Il vient de s’attaquer à l’École et donc à l’avenir de nos enfants et de notre
pays. Notre émotion et notre indignation sont immenses face à l’abominable
assassinat de Samuel PATY, professeur d’histoire et d’enseignement civique de
Conflans-Sainte-Honorine.
Le Parti communiste français s’associe au deuil de la famille, des proches et des élèves de cet enseignant. Il assure ses collègues, le monde enseignant, la jeunesse du pays, aujourd’hui sous le choc, de son entière solidarité dans l’épreuve.
Jusque dans la méthode utilisée pour
assassiner Samuel PATY, la décapitation qui rappelle les moyens les plus
barbares mis en œuvre par le jihadisme, le terrorisme islamiste vient de nous
rappeler qu’il menait une guerre de tous les instants contre les valeurs
fondamentales de la République : la séparation intransigeante des religions et
de l’État ; la laïcité qui garantit la liberté de conscience et de critique ;
la liberté d’expression, de création et le droit à la critique de toute
religion ; l’égalité entre des citoyennes et des citoyens que ne doivent
distinguer ni leurs origines, ni leurs religions, ni leurs convictions intimes.
Ce terrorisme islamiste a un objectif : répandre la terreur sur toutes et tous, s’attaquer à la démocratie et à l’École publique. Ce faisant, il cherche à s’imposer aux musulmans qui sont aussi ciblés par ses discours et actes meurtriers, diviser les Français en suscitant une nouvelle guerre de religion, encourager les réactions racistes et identitaires qui peuvent venir légitimer son projet théologico-politique.
Comme l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine le démontre, ce terrorisme s’appuie sur des réseaux se revendiquant d’un islamisme politique, qui se prétend sans lien avec le jihadisme, mais dont la propagande l’alimente. Cette menace doit être combattue sans réserve.
Évidemment, de tels actes apportent de
l’eau au moulin des forces les plus réactionnaires, qui y trouvent une nouvelle
justification de leurs discours autoritaires et de leurs politiques
sécuritaires, de leurs appels à la discrimination envers les musulmans, les
réfugiés, les immigrés. Ce discours de haine peut à son tour conduire à des
crimes et à des attentats à caractère raciste.
Nos compatriotes de confession musulmane, dans leur immense majorité, sont meurtris par les entreprises des forces obscurantistes car ils vivent leur foi dans le respect des lois de la République qui leur garantissent ce droit.
Engager une politique intérieure à la
hauteur de la menace qui pèse sur nos concitoyens en préservant les droits et
libertés.
Ceux qui ont soutenu ou contribué à
l’assassinat de Samuel PATY doivent être identifiés et sans délai déférés
devant la justice. Les prêcheurs de haine, les fanatiques qui appellent au
meurtre, les jihadistes doivent être poursuivis, mis hors d’état de nuire,
condamnés sévèrement.
La protection de la population doit se
faire en préservant les libertés publiques et la démocratie. Sinon, ce serait
donner raison aux terroristes qui par leurs discours et leurs actes meurtriers
s’attaquent à la liberté elle-même.
Les moyens doivent être donnés aux
pouvoirs publics, au renseignement, à la police et à la justice de déjouer les
campagnes haineuses, telle celle dont a été l’objet Samuel PATY jusqu’à son
assassinat. Avant de décider de nouvelles lois, il faut avant tout évaluer
notre corpus juridique actuel. Plusieurs enjeux doivent être instruits et des
mesures prises pour protéger nos concitoyens des individus radicalisés ou déjà
condamnés, faire respecter la loi sur tout le territoire et sur les réseaux
sociaux, ou encore répondre efficacement à l’hybridation de profils criminels
et terroristes.
Ainsi, concernant le futur projet de loi
sur le « séparatisme islamiste », nous refuserons toute mesure
opportuniste qui ne donnerait pas d’instrument supplémentaire au pays pour
agir. Nous ne laisserons pas le pouvoir, sous la pression des forces de droite
et d’extrême droite, instrumentaliser la laïcité. Nous défendrons la loi de
1905 qui est un pilier de notre République.
Le ministre de l’Intérieur vient en
outre d’annoncer sa volonté de dissoudre diverses associations. Le nécessaire
combat contre l’idéologie islamiste développée à travers certaines structures
ne saurait toutefois s’affranchir de l’État de droit. Une décision de
dissolution doit donc être fondée sur des considérants juridiques
incontestables, et s’opérer, comme le veut la Constitution, sous le contrôle de
l’institution judiciaire.
Pour les communistes, la sécurité passe
par une politique permettant d’assécher le terreau auquel s’alimentent
l’intégrisme et le terrorisme.
Répondre à la hauteur de ce crime, c’est
surtout engager une politique de justice sociale et d’égalité réelle entre les
citoyens, de développement des services publics, de perspectives d’emploi pour
la jeunesse, de lutte contre les discriminations, le racisme qui mine le
vivre-ensemble et la ghettoïsation de certains quartiers et villes. C’est par
une nouvelle démocratie donnant effectivement les moyens au peuple dans toute
sa diversité de construire son avenir que nous combattrons le plus efficacement
ce terrorisme. Ensemble, faisons triompher une République démocratique et
sociale.
Alors que l’école de la République vient
de subir une attaque meurtrière, nous réaffirmons avec force la liberté pédagogique
des enseignants et notre ambition pour le renforcement de l’école publique, à
laquelle il est donné mission de former la jeunesse à l’esprit critique. À
l’école, rien n’est objet de croyance mais tout est au service des savoirs et
de leur transmission. Plus que jamais, portons l’ambition d’une culture commune
de haut niveau au sein d’une école émancipatrice pour toutes et tous, donnant à
tous les jeunes les moyens de maîtriser leur avenir.
Depuis des mois, le gouvernement
s’attaque à l’école publique. Profitant de la crise sanitaire, il affaiblit les
programmes, réduit les disciplines, favorise l’individualisation des parcours.
Le repli identitaire est favorisé comme l’enseignement privé. C’est à la racine
du mal qu’il faut s’attaquer.
Pour cela, il faut en finir avec
l’austérité qui a affaibli tout l’enseignement, de l’École jusqu’à
l’Université, au gré des politiques mises en œuvre par les gouvernements
successifs. Des moyens supplémentaires doivent lui être accordés pour lui
permettre de déjouer les offensives intégristes de tous bords. Un plan
d’embauches est nécessaire. Et nos enseignants doivent pouvoir bénéficier d’une
formation de qualité, adaptée aux nouvelles missions qu’ils ont à accomplir.
Ils doivent être soutenus par leur hiérarchie face à toutes les entreprises
obscurantistes.
Ce combat contre les reculs de la
République exige également une autre politique internationale de la France, car
le jeu des grandes puissances, à commencer par la France, a largement fait le
jeu des courants intégristes, d’origine wahhabite ou salafiste. Les
gouvernements successifs, dont le pouvoir actuel, ont une responsabilité en la
matière, en ayant apporté soutien politique et aide militaire à des États liés
au terrorisme dans le but de permettre aux grandes firmes capitalistes de
conquérir des marchés et de réaliser des nouveaux profits.
Ensemble, combattons l’intégrisme d’où
qu’il vienne ainsi que le terrorisme islamiste, sans céder un pouce de terrain
aux menées qui cherchent à profiter du contexte pour encourager les
stigmatisations racistes ou religieuses.
Organisations syndicales, associations
démocratiques et laïques, partis de gauche, nous étions avec les enseignants,
dans tout le pays, ce dimanche 18 octobre. A toutes et tous et à nos
concitoyens, nous proposons d’agir ensemble pour faire reculer la terreur
obscurantiste et faire progresser les principes de liberté, d’égalité, de
fraternité et de solidarité, de laïcité qui fondent notre République.
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