Aujourd’hui,
pour des millions d’enfants et leurs familles, le sentiment qui domine est un
soulagement teinté d’inquiétude. Soulagement de voir les enfants reprendre une
scolarité, voire renouer avec l’école. Inquiétude de constater que cette
rentrée qui devrait être exceptionnelle tant au niveau sanitaire que
pédagogique ne l’est en rien. Pour certains enfants, cela fait près de six mois
qu’ils n’ont pas vu l’école, qu’ils ne se sont pas amusés avec leurs copains,
et ils vont rentrer dans la classe supérieure avec comme seul changement le
fait d’être masqués ou d’avoir des professeurs masqués.
Jean-Michel
Blanquer peut bien assurer : « Nous
sommes préparés à tout », c’est le mot « bricolage » qui domine chez des professeurs livrés à eux-mêmes
pour gérer cette rentrée hors norme. Zéro euro d’investi pour garantir la
distanciation sociale ; aucune réflexion sur le besoin d’adaptation des programmes afin de rattraper les mois d’enseignement en « distanciel », absence de mesure spécifique pour réintégrer les
décrocheurs du confinement dans le processus scolaire. Sur tous ces sujets, les
recommandations, les propositions des organisations syndicales d’enseignants et
de personnels et des associations de parents d’élèves ont soigneusement été
mises de côté. Toutes pointent d’ailleurs les incohérences du ministère. Un
seul exemple : 2 000 suppressions de postes dans le secondaire
et quelque 30 000 élèves
supplémentaires.
Alors,
incompétences ? Peut-être, mais c’est surtout que le ministre, a délibérément décidé
d’être hors sujet. Faire reposer, une fois de plus, sur l’engagement des
personnels de l’éducation nationale la réussite de la rentrée n’est pas une
politique sérieuse ni sur le plan sanitaire ni sur le plan pédagogique. En
envoyant l’école dans le mur le ministre cherche à imposer sa vision de l’école
publique. Une école a minima, centrée sur une certaine conception de
l’apprentissage des maths, du français… et de la discipline. Pour le reste,
l’éducation artistique, culturelle et physique, l’objectif est de les sortir
des cursus. À charge aux familles ou aux municipalités, dans le meilleur des
cas, de permettre aux enfants de les découvrir, creusant un peu plus les inégalités.
Par
Stéphane Sahuc
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