Les années se suivent et se ressemblent. Soumis à une sécheresse intense,
plus d’une soixantaine de départements sont actuellement contraints de prendre
des mesures de restriction d’eau afin d’éviter tout risque de pénurie. La
situation n’est pas aussi critique qu’à l’été 2019 - 80 départements concernés
- mais ce nouveau coup de chaud sur les réserves d’or bleu vient nous rappeler
un constat désormais récurrent : l’accès à l’eau potable en France ne coule
plus de source. Jadis exceptionnels, les interdictions d’arrosage et autres
appels à modérer sa consommation sont devenus un passage obligé de la période
estivale. Et l’énième symptôme d’un changement climatique dont on tarde à
prendre la juste mesure.
Car, ne nous leurrons pas, le pire est devant nous. Cette multiplication
des crises hydriques est directement liée à la hausse des températures qui
accentue l’évaporation, assoiffe le milieu naturel et assèche les nappes phréatiques.
Une aridité dont nombre de spécialistes, estiment qu’elle pourrait s’étendre à
l’ensemble du territoire d’ici 2050, avec des conséquences en chaîne
dramatiques, à commencer pour le monde agricole - grand consommateur -, mais
également pour les industries et les besoins vitaux des populations. Éviter, ou
tout du moins minorer, ce scénario catastrophe requiert une véritable prise de
conscience - l’eau n’est pas une ressource inépuisable. Mais aussi une volonté
politique au niveau national qui fait encore défaut aujourd’hui.
Le défi est colossal. S’adapter aux
épisodes de sécheresse passe, bien sûr, par une chasse au gâchis et un souci de
rationaliser son usage de l’eau. Mais cette seule logique de restriction ne
suffira pas. Elle doit s’accompagner d’un soutien affirmé au monde agricole
afin de l’aider à promouvoir un autre modèle de production, moins gourmand en
irrigation. Mais également d’une reprise en main collective du secteur de
l’eau, soumis trop souvent au lobbying de multinationales surpuissantes, qui
marchandisent et financiarisent ce bien commun. Face à l’urgence, seule une
soif de changement peut répondre à la sécheresse.
Par Laurent Mouloud
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