Port du masque en entreprise et dans les
grandes villes, rentrée scolaire sous tension… Avec l’augmentation inquiétante
du nombre de cas détectés par jour, des mesures préventives s’imposent, que le
gouvernement tarde à prendre.
Ce lundi 17 août a comme un arrière-goût de rentrée pour beaucoup de
travailleurs. Dans deux semaines, avec le retour dans les classes puis les
universités, tout le monde aura repris son activité. Sauf qu’il faudra vivre
avec le Covid-19. Et la situation risque d’être plutôt tendue. « Il reste peu
de temps pour qu’une prise de conscience émerge, qu’un consensus médical et
politique constructif se dégage et que de réelles mesures de prévention et de
protection soient prises en urgence », alerte un collectif de professionnels de
la santé dans Libération du 14 août. Les professeurs et docteurs en
médecine lancent un appel pour rendre obligatoire le port du masque dans tous
les lieux clos collectifs. Car les chiffres ne sont pas bons.
1 : dans le pays, 3 310 nouveaux
cas en 24 heures
Santé publique France rapportait hier 3 310 cas de coronavirus en
24 heures, soit le plus lourd bilan depuis le déconfinement. Par ailleurs,
17 nouveaux clusters ont été détectés dimanche, portant à 252 le nombre de
foyers en cours d’investigation. Et 23 départements sont en situation de
vulnérabilité. Depuis vendredi dernier, Paris et les Bouches-du-Rhône sont
classés départements dans lesquels la circulation du virus est active. Certes,
l’effet du dépistage massif en cours n’est pas étranger à ces résultats. Mais
pas seulement : le taux de positivité dans la population augmente
régulièrement. Même si pour le moment le nombre de décès reste incomparable
avec les mois de mars-avril (18 décès les dernières 24 heures) et que
la situation en réanimation demeure stable (367 malades, soit 7 de moins
en 24 heures), il n’en reste pas moins que le corps médical multiplie les
mises en garde.
2 : mobilisation des grandes villes
Alors que l’obligation du port du masque en extérieur s’étend dans les
grandes villes, les vingt plus grandes ont reçu un courrier du premier ministre
qui leur demande de mener – en lien avec les préfets – des plans d’action
qui collent aux réalités locales. À Paris, où le port du masque vient d’être
étendu à des quartiers entiers, 17 barnums seront bientôt installés afin
de permettre aux Parisiens de se faire tester plus vite et plus facilement.
3 : Port du masque obligatoire en
entreprise
Alors que, dès la mi-juillet, le Haut Conseil de la santé publique prônait
le port du masque systématique dans les lieux clos ou en cas de gros
rassemblements en extérieur, le ministère du Travail ne recevra les partenaires
sociaux que demain. Dans un entretien au JDD de ce dimanche, la ministre du
Travail Élisabeth Borne insiste sur l’intérêt de porter un masque « quand on
est à plusieurs dans un lieu clos. Dans les salles de réunion où il n’y a pas
d’aération naturelle, les espaces de circulation… ». Et précise : un nouveau
protocole entrera en vigueur fin août. Elle ajoute que le télétravail est « à
mettre en place chaque fois que c’est possible dans les zones de circulation
active du virus ». Il était temps. Car les appels de spécialistes se
multiplient pour généraliser le port du masque en entreprise, alors que
50 % des clusters s’y trouvent. « Dans un commerce ou au travail, à La
Poste ou en cours, que nous soyons assis ou debout, immobiles ou en
déplacement, l’air circule de la même manière autour de nous, et s’il n’est pas
souvent renouvelé, le virus se propage et s’accumule », rappelle le collectif,
qui précise : « Il est urgent de rendre obligatoire le port du masque dans tous
les espaces clos, dans tous les bureaux, dans toutes les salles de classe et
amphithéâtres, et aussi d’encourager sans ambiguïté le télétravail, les cours à
distance et la réorganisation de classes avec des effectifs moins nombreux. »
En juillet dernier, Philippe Martinez dénonçait un gouvernement qui « a fluctué
ses positions sur le masque en fonction des stocks disponibles ». Le secrétaire
général de la CGT estime que le masque doit être « gratuit » en entreprise. Et,
selon lui, le gouvernement doit « donner des moyens aux petites entreprises de
protéger les salariés ».
4 : Écoles, enseignants et parents
inquiets
Fin juillet, le ministère de l’Éducation
assouplissait pour la troisième fois le protocole sanitaire pour les écoles,
collèges et lycées en vue de la rentrée de septembre. La distanciation physique
ne devrait plus être obligatoire dans les espaces clos et le brassage des
élèves sera de nouveau autorisé. Le masque, quant à lui, devra être porté à
partir de 11 ans, dehors comme dedans. Les deux syndicats d’enseignants
Snes et SNUipp-FSU dénonçaient alors des mesures « en contradiction » avec la
situation sanitaire. Aujourd’hui toujours, le SNUipp regrette que ce protocole
soit encore « à contre-courant de ce qui se passe ailleurs ». Le syndicat
entend interpeller son ministre de tutelle, Jean-Michel Blanquer, cette semaine
afin de réclamer un renforcement des mesures de protection. À seulement quinze
jours de la rentrée, le ministère de l’Éducation se contente de dire : « Les
choses seront précisées, au regard du contexte sanitaire, lors de la conférence
de presse de rentrée du 26 août. » Soit cinq jours avant la rentrée des
enseignants. Interrogé sur France Bleu Paris, le coprésident de la FCPE Rodrigo
Arenas tempête : « On a l’impression que le ministère de l’Éducation continue
de prendre des décisions un peu en cavalier seul, sans réelle concertation avec
les autres membres du gouvernement; » Il le rappelle : les petits effectifs
sont les meilleures solutions pour gérer les enfants. Selon lui, des sanitaires
mobiles pour que les enfants puissent se laver les mains auraient dû être
installés. De même, « les gestes barrières doivent être maintenus, à tous les
échelons ».
Nadège Dubessay
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