Ils voulaient réinventer la pyramide des soins, de l’hôpital aux Ehpad,
retrouver la dignité d’une fonction essentielle à la vie de la nation, avec des
moyens en personnels réévalués, de vraies revalorisations, bref, de quoi entrer
enfin dans le XXIe siècle en tenant compte du cataclysme révélé par la
pandémie. Mais pour les soignants le « nouveau monde » ressemble furieusement à
celui d’avant. Certes, le fameux et décevant Ségur de la santé est passé par
là, et souvenons-nous que, des grandes revendications des soignants, seule
celle des salaires trouva un tout petit début de satisfaction. Cet épisode nous
rappelle néanmoins une simple vérité : ce qui peut paraître impensable à un
instant donné peut devenir la réalité le lendemain. La crise du coronavirus a
montré que les lignes pouvaient bouger, que les consciences s’aiguisaient à la
mesure des enjeux. Ils tiennent en quelques mots : la santé n’a pas de prix.
Les semaines passent et la déception, pour ne pas dire l’écœurement, domine
toujours. Un retour de flamme de l’épidémie de Covid-19 serait d’autant plus
problématique que les personnels hospitaliers se disent à bout de souffle,
épuisés, démoralisés. Si le manque d’effectifs reste l’une des problématiques
évidentes pour gérer un nouveau drame, les incertitudes sur la disponibilité du
matériel persistent elles aussi. À tel point qu’un collectif, constitué cette
semaine autour de 80 000 membres avec l’appui d’une douzaine de syndicats
et de parlementaires communistes et insoumis, réclame un deuxième « Ségur
de la santé » et « une réouverture rapide des négociations ».
Un peu de mémoire. Il y a quelques mois,
en pleine catastrophe sanitaire et après une année et demie de mouvement social
dans les hôpitaux, les citoyens applaudissaient nos « héros » depuis leurs
fenêtres, lâchant des larmes d’émotion à l’épreuve de l’humanité réelle.
Aujourd’hui, les soignants concernés crient toujours leur colère et se
préparent à de grandes mobilisations. « On nous a vite oubliés », s’étonnent-ils.
À l’image du triste spectacle offert par nos gouvernants.
Par Jean-Emmanuel Ducoin
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