lundi 27 juillet 2020

« SAUVAGERIE »L’ÉDITORIAL DE SÉBASTIEN CRÉPEL DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



Et si Gérald Darmanin avait raison ? À son insu, et contre ce qu’a réellement voulu dire le ministre de ­l’Intérieur, on peut parler à coup sûr d’un « ensauvagement d’une partie de la société » dont il est, depuis la position qu’il occupe au gouvernement, plus qu’un témoin privilégié : un acteur à part entière, à sa manière et à sa mesure. On n’évoquera pas seulement ici les faits concernant ses rapports passés avec une plaignante qui constituent, pour ce qu’il en a reconnu lui-même et quelle que soit la qualification qu’en retiendra la justice, une déclinaison personnelle du thème de la loi du plus fort. Mais il est difficile de ne pas relever la cohérence entre la politique conspuée de toutes parts pour son iniquité dont Gérald Darmanin est l’instrument constant au gouvernement depuis maintenant trois ans, d’abord à Bercy puis maintenant à Beauvau, et l’impudeur incroyable de cette promotion et, désormais, de ses déclarations.

Or, comment mieux mesurer l’« ensauvagement » d’une société, sinon au degré de régression où elle se trouve entraînée quand la notion d’égalité cède le pas au triomphe de la force sur le faible, mais encore et surtout à la manière sans complexe ni scrupule qu’a le puissant de dominer ? Depuis trois ans, le mépris pour celui qui est regardé à tort ou à raison comme le faible - pauvre, ouvrier, chômeur, femme, immigré ou descendant d’immigré - est devenu la marque de fabrique du macronisme, au point de contraindre le président de la République à de fréquents mea culpa. Sans résultat, car ce n’est pas simplement sa personne qui est en cause, mais le fond de sa politique : cadeaux aux plus riches, baisse des APL, sanction des chômeurs, 49-3 sur les retraites, violences policières contre les manifestants et dans les quartiers, etc.
Alors que la crise sanitaire exacerbe les inégalités, les propos du ministre, qui fleurent bon l’extrême droite, n’ont d’autre but que de faire croire que l’origine des maux se trouve au cœur des milieux populaires. Une manière de dédouaner la sauvagerie du capitalisme. Diviser pour mieux régner… Tandis que la société attend plus de justice, le gouvernement prépare un tour de vis sécuritaire.

Par Sébastien Crépel

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