lundi 1 juin 2020

« Pôle public du médicament », le billet de Christophe Prudhomme


Depuis plusieurs années le nombre de médicaments en rupture de stock se multiplie dans les pharmacies. Certains hôpitaux ont été en grande difficultés pour se procurer des médicaments sédatifs pour les malades hospitalisés en réanimation. Sanofi a été mis en cause à la fois concernant la commercialisation future d’un vaccin contre le coronavirus, mais aussi sur le versement de dividendes à ses actionnaires supérieurs aux sommes que ce laboratoire consacre à la recherche.
A cela s’ajoutent les multiples conflits d’intérêts de médecins siégeant dans les agences chargées de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments. Enfin, mais la liste des critiques contre le système actuel est longue, les laboratoires ont obtenu lors de la négociation sur les produits génériques au début des années 2000, la liberté tarifaire pour les nouvelles molécules. C’est ainsi que les nouveaux médicaments sont vendus à des prix exorbitants, comme par exemple le traitement contre l’hépatite C, initialement proposé à plus de 60 000 euros pour 12 semaines alors que l’Inde par exemple le propose à environ 300 euros.

Dans ce contexte, il est particulièrement scandaleux que la majorité LREM à l’Assemblée nationale ait rejeté le projet de loi proposant la création d’un pôle public du médicament. Une nouvelle fois, les promesses et les déclarations faites au pic de la crise sont vite oubliées. Comment en effet donner crédit aux propos du Président de la République déclarant « Il est nécessaire que le vaccin contre le coronavirus soit un bien public mondial, extrait des lois du marché ». Ou encore à ceux du ministre de la santé rappelant l’importance de « retrouver de la souveraineté et de l’autonomie, et de lancer une réflexion pour relocaliser la production nationale de médicaments ».

Une nouvelle fois ces messieurs sont pris en flagrant délit de mensonges. Car comment mettre en œuvre vos préconisations sans sortir la recherche et la fabrication des médicaments des lois du marché, sans mettre en place un contrôle public avec des structures et des entreprises contrôlés par la puissance publique.
Le médicament doit être un bien public mondial. Il n’est pas besoin d’attendre un accord de tous les pays pour donner corps à cette nécessité en France. La lutte menée par l’Inde ou encore l’Afrique du Sud pour s’affranchir des brevets afin de pouvoir produire notamment les médicaments antiviraux contre le sida a montré que cela était possible. Nous voulons que la France s’approprie aussi cette maîtrise.
Dr Christophe Prudhomme

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