mardi 9 juin 2020

« MALAISE DANS LA RÉPUBLIQUE », L’ÉDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



 Les dénégations et les faux-fuyants n’y feront rien. L’ampleur des ­manifestations mettant en cause la police atteste un véritable ­malaise, en particulier chez les jeunes et les victimes de propos ou d’actes ­racistes. Il est amplifié par les révélations de ces derniers jours concernant un site Facebook, ­l’attitude de certains policiers à Rouen. Le rapport annuel du Défenseur des droits ­s’inquiète d’une forme ­d’impunité ; le rapport de l’IGPN, l’Inspection générale de la police nationale, fait état d’une hausse de plus de 40 % des enquêtes après des plaintes pour actes de violence. ­Bizarrement, toute­fois, ce même rapport de l’IGPN a écarté, pour l’année 2019, la case « injures ­racistes » qui avait été ­inscrite en 2017 et 2018. Est-ce à dire qu’elles auraient miraculeusement disparu ? On se doute qu’il n’en est rien.

Il faut le dire, bien sûr, et clairement. Ce n’est pas toute la police qui est concernée. Mais la question devient assez pressante pour qu’Emmanuel Macron demande au gouvernement d’ « accélérer » ses propositions pour améliorer la déontologie en son sein. On peut en prendre acte. Mais qu’ont dit le président de la République et le ministre de l’Intérieur jusqu’à ­présent ? Souvenons-nous de cette phrase du préfet Lallement, choisi par eux, lançant à une ­manifestante : « Nous ne sommes pas dans le même camp, Madame ! »

Le malaise, il tient aux violences, au racisme, mais il est lié aussi à cela, qui doit être dit avec force. La police n’est pas dans un camp. Elle n’est pas dans un camp contre les fauteurs de troubles que seraient les manifestants. La police n’est pas non plus un instrument au service du pouvoir, contre une partie du peuple et des Français, quels que soient leur âge ou leurs origines. La police est au service de la ­République et des citoyens. On ­attend plus alors que des propositions pour calmer le jeu, une véritable ambition ­démocratique dans la transparence pour reconstruire un lien de confiance perdu avec la ­nation. Nous avons besoin de la ­police, pas d’en avoir peur.


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