Ne nous berçons pas d’illusions. Aucune unanimité politique n’adviendra
lorsqu’il s’agira de tirer les leçons politiques de cette crise sanitaire
inédite. La remise en cause des dogmes économiques et des modèles de
production, la revalorisation de ces « petits » métiers si grands, le
développement des services publics… Toutes ces évidences du moment, porteuses
de transformations profondes et partagées par une majorité de Français, seront
farouchement combattues par le camp libéro-conservateur. Lui rêve d’une sortie
par la droite, d’un retour illico au business et à son illusoire ruissellement,
le tout payé par un nouveau recul des droits des salariés et un État réduit à
la portion congrue. Cette machine à régresser s’attaque déjà au temps de
travail et au Smic. Elle va continuer à faire feu de tout bois, n’en doutons
pas, s’accommodant sans peine des promesses présidentielles de lendemains
sociaux qui chantent.
Car, face à la crise, le pouvoir macroniste n’est pas un rempart. Il est
sous influence. Alors que la lutte contre la pandémie a souligné l’engagement
exemplaire des fonctionnaires, on découvre que Jean-Michel Blanquer, le
ministre de l’Éducation nationale, s’est doté depuis 2017 d’un directeur de
cabinet de choc, en la personne de Christophe Kerrero, qui siège également au
conseil scientifique de l’Ifrap, fondation ultralibérale qui milite depuis
toujours pour une réduction massive des effectifs de fonctionnaires ! Servir
l’État et en souhaiter l’affaiblissement ? En Macronie, c’est possible. Et même
recommandé.
Dans son plan choc,
l’Ifrap estime que la fin du confinement « marque la fin de la
politique unique d’enseignement pour tout le territoire ». La fondation
recommande « de la flexibilité et des expérimentations locales »,
invite l’éducation nationale « à devenir régionale ». Jean-Michel
Blanquer, lui, affirmait encore ce week-end vouloir « moderniser
le système éducatif » en travaillant avec les collectivités locales
sur « l’articulation scolaire et périscolaire ».
Manière polie de suggérer un nouveau désengagement de l’État. La convergence de
vue entre Blanquer et son directeur de cabinet est donc évidente. Sur la forme,
ce n’est pas surprenant. Sur le fond, c’est très inquiétant.
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