lundi 18 mai 2020

« Provocation », le billet d'humeur de Christophe Prudhomme



A la suite du faux mea culpa d'E. Macron, le ministre de la santé, Olivier Véran, en revient aux mauvaises habitudes. Premier impair sur la forme, il annonce par voie de presse l'ouverture de négociations avec les syndicats mais aucun d'entre eux n'est au courant et n'a été contacté. Donc rien n'a changé dans le monde de la macronie avec une constance dans le mépris des organisations syndicales.

Sur le fond, le pire des mondes d'avant est de retour puisque le problème principal pour le ministre, ce sont les 35 heures et il reprend l'obsession de Nicolas Sarkozy du "travailler plus pour gagner plus". Il cite même les infirmières qui ont besoin de faire des "ménages", avoir avoir un deuxième emploi - merci pour l'image ! - pour pouvoir vivre décemment. Il est bon de rappeler à ce monsieur qui dit très bien connaître l'hôpital que la première revendication, avant même celle sur les augmentations de salaires, est celle de créations d'emplois justement pour diminuer la pénibilité du travail qui aujourd'hui fait fuir les personnels et entraîne une crise du recrutement dans les hôpitaux et les EHPAD. Nous ne le répéterons jamais assez : notre exigence est l'embauche massive de personnels dans le cadre d'un grand plan emploi-formation qui inclut une revalorisation des grilles de salaires.

Ce qui est grave dans cette affaire est votre volonté de poursuivre la politique qui permet de justifier les restructurations et les fermetures de lits et de services du fait du manque de personnel. Cette stratégie d'organisation de la pénurie de professionnels est constante puisque viennent d'être publié le nombre de places ouvertes dans les facultés de médecine pour l'an prochain avec le maintien d'un numerus clausus à 9 300 postes alors que les générations qui partent en retraite sont de plus de 10 000 et que les besoins sont estimés à un minimum de 12 000 par an du fait notamment du vieillissement et de l'augmentation de la population. Donc nous allons demain encore manquer de médecins en ville et dans les hôpitaux.

Comme je le disais hier, la mobilisation est encore plus à l’ordre du jour aujourd'hui qu'hier. Il n'y a pas de mea culpa qui tienne et les pseudo-annonces d'un "grand plan pour l'hôpital" sont contredites par la poursuite, sous des faux-nez, de la politique de remise en cause des acquis sociaux et des services publics.

Dr Christophe Prudhomme

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