Il faudra plus que la promesse d’un « Ségur » pour faire retomber la
pression dans les hôpitaux. Au-delà du goût des grands mots d’Emmanuel Macron,
les syndicats ne s’y trompent guère en jugeant qu’il est trop tôt pour crier
victoire avec l’inscription de ce Grenelle rebaptisé à l’agenda. Il était
temps, pourrait-on dire. C’est en réalité le fruit d’une lutte à ce point
populaire qu’elle est devenue celle de tous, porteuse d’un intérêt général
auquel chacun s’identifie – celui de bénéficier d’un hôpital public capable de
dispenser les meilleurs soins à quiconque sans restriction ni discrimination.
Mais si la tenue de cette « concertation nationale » est
actée, la bataille sur son contenu, sa portée, le sens même de ce qu’il y sera
décidé, reste à gagner. Les difficultés et les chausse-trappes ne manqueront
pas : elles ont même déjà commencé. Il suffisait d’écouter jusqu’au bout
Emmanuel Macron vendredi pour s’en convaincre. Tandis que tout le monde saluait
ce qui ressemblait à un mea culpa annonciateur d’un virage à 180 degrés (« On
a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée »), le président a
exprimé un regret étouffé, point de départ, d’un projet d’une tout autre
nature : « C’était une superstratégie mais à faire dix ans plus tôt », a
– t – il dit à propos de son plan « Ma
santé 2022 », qui accélérait la libéralisation de l’hôpital en échange d’une
petite rallonge budgétaire ; « je n’ai pas envie non plus qu’on
revienne à l’étape d’avant ».
En fait, Emmanuel Macron
ne regrette rien des réformes imposées à l’hôpital. Tout à l’inverse, il
regrette qu’on ne les ait pas conduites plus tôt, plus vite. C’était déjà le
sens du « plan » promis à Mulhouse, fin mars, lorsqu’il
estimait qu’on n’était allé « pas suffisamment vite, pas suffisamment
fort » dans la transformation de l’hôpital. Ce n’était donc pas une
méprise. Il faut le répéter : les personnels soignants ne sont pas à vendre.
Ils exigent davantage que des milliards : ils veulent retrouver le sens de leur
métier et du service public, et les moyens qui vont avec. Cela n’a pas de prix,
mais une valeur qui ne se mesure pas seulement à la taille de l’enveloppe que
le gouvernement posera sur la table du « Ségur ».
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