Ce qui
est nouveau dans cette épidémie n'est pas sa nature car celle de la grippe de
Hong-Kong de 1969-1970 est assez similaire, mais c'est bien son traitement par
les médias et les politiques. Pour la première fois, nous avons pu suivre
quasiment en direct l'apparition puis l'évolution de la maladie avec une
profusion d'informations inégalée. Malgré la volonté de contrôle de certains
gouvernements, les données étaient au mieux retenues pendant quelques jours
mais du fait de l'interconnexion des réseaux sociaux, la censure est vite
dépassée. Pour nous
médecins, il est d'un côté passionnant d'avoir la possibilité de savoir ce qui
se passe en temps réel mais cela débouche sur une certaine inquiétude du fait
que les informations d'hier peuvent être contredites par les informations
d'aujourd'hui et qu'on attend de savoir ce que nous amènera demain.
Car selon
l'adage, "trop d'informations tue l'information". Dans ce contexte,
les médias d'information en continu sont confrontés à une difficulté majeure.
Leur volonté d'être les premiers sur l'événement les empêche d'avoir le recul
indispensable pour trier, vérifier et surtout hiérarchiser les informations. Or
ces tâches sont le b.a.ba du travail des journalistes que la pression des
rédactions, sous la dictature de l'audimat, ne leur permet plus d'assurer
sereinement. Ils ne sont pas aidés nous plus par les "experts
scientifiques", car la "science" surtout médicale ne possède pas
de vérité absolue. Les querelles d'experts sont notre quotidien, ce qui est une
bonne chose car la vénération d'une science toute puissante qui nous imposerait
une pensée unique dans notre mode de vie, conduirait à la pire des dictatures.
Pour le
citoyen, ce contexte d'incertitude est générateur d'angoisse. Toute situation
de crise ne nous permet plus de nous reposer sur les habitudes de la vie
quotidienne et nécessite une capacité d'analyse sur la base d'informations
fiables pour pouvoir prendre une décision.
Le débat
contradictoire est donc indispensable pour que chacun puisse se faire une idée.
C'est une des raisons pour lesquelles, dans une démocratie, nous avons besoin
de différents pouvoirs qui doivent pouvoir s'équilibrer : le législatif, le
judiciaire, l'exécutif et le fameux quatrième pouvoir que sont la presse et les
médias.
Dr
Christophe Prudhomme
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