lundi 11 mai 2020

« Espérons ! », le billet d’humeur de Christophe Prudhomme


Le nombre de malades hospitalisés en réanimation diminue mais le nombre de lits ouverts également, ce qui entraîne des tensions insupportables pour les patients et les soignants. Hier dans mon hôpital, il n'y avait plus aucun lit disponible. Nous sommes revenus à la situation antérieure où lors de chaque week-end de mai prolongé (comme chaque hiver et chaque été), les patients restent sur les brancards en attente de lits. C'est insupportable, ce d'autant que le Ministre de la Santé annonce que nous allons progressivement revenir aux 5 000 lits de réanimation disponibles sur l'ensemble du territoire. Mais, monsieur le Ministre, la crise a montré que la France dispose d'un équipement en lits de réanimation inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE et surtout deux fois moindre que des pays comme le Japon, l'Allemagne, la Corée du Sud ou encore la Lituanie.

Les modalités du déconfinement reposent sur plusieurs critères dont la disponibilité des lits de réanimation. Sans maintien d'un potentiel supérieur à ce qui existait avant la crise pour aujourd'hui et pour demain, la population est mise en danger.Espérons que l'évolution naturelle de l'épidémie poursuive la décroissance en cours. La plupart des médecins sont assez optimistes. Il y aura sûrement quelques résurgences ici ou là mais nous sommes peu nombreux à croire qu'un pic de l'ampleur que celui que nous avons connu se reproduise. Enfin espérons-le, sinon nous courons à la catastrophe !

Mais, ce que nous appelons le retour d'expérience qui est indispensable après chaque événement exceptionnel montre qu'il est nécessaire de corriger un certain nombre de faiblesses. Pour aller vite, disposer de plus de lits ouverts, notamment en réanimation et avoir à disposition des stocks de matériels et de médicaments en quantité suffisante pour pouvoir être autonome pendant plusieurs mois.
Or, la petite musique que nous connaissons bien recommence à être jouée. Des efforts vont être nécessaires et il va falloir faire des économies ! C'est inacceptable et nous ne l'accepterons pas, nous ne l'accepterons plus.
Dr Christophe Prudhomme


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