lundi 27 avril 2020

« Réforme… », Le billet d'humeur de Christophe Prudhomme



Depuis quelques jours fleurissent des tribunes et des expressions diverses concernant l'avenir de l'hôpital et plus globalement du système de santé. Face à une situation dégradée, le consensus est facile à obtenir pour exiger une réforme. Mais attention, le changement peut prendre des directions opposées. Or une bonne partie de ceux qui parlent aujourd'hui poussent à accélérer les évolutions libérales contre lesquelles nous nous battons depuis des années. Alors que face à l'autoritarisme administratif, nous proposons plus de démocratie, les libéraux nous parlent d'agilité, d'autonomie avec la fin du statut public ou encore de levée de fonds privés. Alors que nous revendiquons une reconnaissance des qualifications et des augmentations de salaires, ils exigent la fin du "carcan" du statut de la fonction publique hospitalière.


Il s'agit bien là de la volonté de profiter de la crise pour accélérer la bascule du système de santé vers le secteur marchand avec la logique de l'hôpital entreprise. Il ne faut pas s'en étonner car les libéraux agissent dans le cadre d'une stratégie de long terme parfaitement théorisée et organisée : dans un premier temps, il s'agit de dégrader la qualité des services publics pour rendre évident la nécessité de réformes qu'ils ont soigneusement préparées et qu'ils sortent de leur chapeau au moment opportun pour les imposer comme la seule solution viable, sans autre alternative possible.


Il s'agit aujourd'hui de ne pas le laisser faire. Pour cela, il ne faut pas attendre pour mettre en débat et avancer nos propositions de réforme. Attendre les mauvais coups, c'est avoir déjà perdu.
Il nous faut dès maintenant proposer et donner du contenu à un grand service public de la santé financé par une Sécurité sociale disposant des ressources nécessaires. Qui dit grand service public, veut dire notamment la fin des cliniques et des EHPAD à statut privé à but lucratif. Ce ne serait que justice au regard de l'incurie des gestionnaires des EHPAD lors de l'épidémie. En ce qui concerne la Sécurité sociale, exigeons la fin des pseudo-déficits qui sont sciemment créés en diminuant ses ressources pour imposer des plans d'économie. Le niveau des cotisations doit être adapté d'une année sur l'autre pour obtenir un équilibre des comptes.


L'avenir sera à nous si nous savons nous donner les moyens de le construire sur les valeurs du service public et de la solidarité.
Dr Christophe Prudhomme


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