Depuis
quelques jours fleurissent des tribunes et des expressions diverses concernant l'avenir
de l'hôpital et plus globalement du système de santé. Face à une situation
dégradée, le consensus est facile à obtenir pour exiger une réforme. Mais
attention, le changement peut prendre des directions opposées. Or une bonne
partie de ceux qui parlent aujourd'hui poussent à accélérer les évolutions
libérales contre lesquelles nous nous battons depuis des années. Alors que face
à l'autoritarisme administratif, nous proposons plus de démocratie, les
libéraux nous parlent d'agilité, d'autonomie avec la fin du statut public ou
encore de levée de fonds privés. Alors que nous revendiquons une reconnaissance
des qualifications et des augmentations de salaires, ils exigent la fin du
"carcan" du statut de la fonction publique hospitalière.
Il s'agit
bien là de la volonté de profiter de la crise pour accélérer la bascule du
système de santé vers le secteur marchand avec la logique de l'hôpital
entreprise. Il ne faut pas s'en étonner car les libéraux agissent dans le cadre
d'une stratégie de long terme parfaitement théorisée et organisée : dans un
premier temps, il s'agit de dégrader la qualité des services publics pour
rendre évident la nécessité de réformes qu'ils ont soigneusement préparées et
qu'ils sortent de leur chapeau au moment opportun pour les imposer comme la
seule solution viable, sans autre alternative possible.
Il s'agit
aujourd'hui de ne pas le laisser faire. Pour cela, il ne faut pas attendre pour
mettre en débat et avancer nos propositions de réforme. Attendre les mauvais
coups, c'est avoir déjà perdu.
Il nous
faut dès maintenant proposer et donner du contenu à un grand service public de
la santé financé par une Sécurité sociale disposant des ressources nécessaires.
Qui dit grand service public, veut dire notamment la fin des cliniques et des EHPAD
à statut privé à but lucratif. Ce ne serait que justice au regard de l'incurie
des gestionnaires des EHPAD lors de l'épidémie. En ce qui concerne la Sécurité
sociale, exigeons la fin des pseudo-déficits qui sont sciemment créés en
diminuant ses ressources pour imposer des plans d'économie. Le niveau des
cotisations doit être adapté d'une année sur l'autre pour obtenir un équilibre
des comptes.
L'avenir
sera à nous si nous savons nous donner les moyens de le construire sur les
valeurs du service public et de la solidarité.
Dr
Christophe Prudhomme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire