«Nous devons aussi savoir aider nos voisins d’Afrique sur le plan
économique en annulant massivement leurs dettes » : cette « petite phrase » du
président de la République lors de son allocution télévisée du 13 avril
dernier, près de 37 millions de personnes en France – et bien
d’autres par ailleurs, notamment en Afrique… – l’ont entendue !
N’acceptons pas qu’on puisse faire d’un enjeu de cette importance un hyper-coup
de com sans lendemain ! Certes, les 20 pays les plus riches du monde (G20)
ont décidé, dans la foulée, de… suspendre pour un an le paiement des intérêts
de cette dette. Mais cette mesure – une bouffée d’oxygène
indispensable – est notablement insuffisante. Et surtout, bien que le
ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, ait présenté un peu
vite l’acte du G20 comme « un succès important pour la France et pour ses
partenaires », il ne faudrait pas que le chef de l’État s’estime quitte de son
engagement ! Retour sur un enjeu vieux de plus de 30 ans qui, dans le
contexte de la crise actuelle, devient explosif.
Les prévisions très alarmantes concernant l’Afrique se multiplient depuis
quelque temps sur tous les plans : sanitaire, économique, alimentaire,
écologique… Les économistes s’attendent à la première récession sur ce
continent depuis un quart de siècle du fait de l’effondrement de la croissance
mondiale, de la chute des cours des matières premières et du tarissement des
transferts d’argent des travailleurs émigrés. Dans ce contexte, le paiement du
service de la dette des pays pauvres, qui ne cesse de s’alourdir, apparaissait
à tous les observateurs avertis tout simplement impossible.
Songeons qu’avant l’épidémie 49 pays du Sud à faibles revenus
–particulièrement en Afrique – consacraient déjà plus d’argent au
paiement de la dette qu’à la santé ! Dans certains pays, comme le Ghana, la
charge de la dette était, selon Oxfam, 11 fois supérieure aux dépenses de
santé ! Ignominieux hier, absolument intenable aujourd’hui !
Aussi de nombreuses voix se sont-elles élevées à travers le monde pour
appeler à des actions significatives sur la dette du continent : depuis l’Union
africaine et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutterres, le
mois dernier, en passant par le pape François dans son message de Pâques,
jusqu’au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, plus récemment.
Ainsi, donc, que le président français. Le grand mérite de l’annonce de ce
dernier est finalement d’avoir catapulté une exigence de premier plan dans le
débat public : ne le lâchons plus sur le sujet !
Annuler la dette
– mieux : éradiquer le mécanisme diabolique de la dette à perpétuité pour
les plus démunis –, voilà l’objectif à atteindre ! C’est l’intérêt de
millions d’Africains, mais c’est aussi le nôtre : la crise actuelle rappelle à
qui l’ignorait encore qu’il n’y a qu’un monde et qu’une humanité.
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