mercredi 7 décembre 2022

« Notre miroir », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Un brin d’herbe, écrivait au XIXe siècle le poète américain Walt Whitman, «contient tout le travail des étoiles». À louverture, ce mercredi, de la COP15 sur la biodiversité, qui se tient à Montréal pour quinze jours, sans chefs d’État annoncés mais avec 196 pays représentés, comment ne pas penser que la vie, dans sa diversité, sur la petite planète qui est la nôtre dans l’immensité de l’Univers, est – osons le mot – une sorte de miracle? Et, pour lheure, sil en est dautres, nous ne les connaissons pas. La Terre est aussi un organisme vivant, les scientifiques parlent d’écosystème.

Préserver la biodiversité, ce n’est pas seulement s’inquiéter de ne plus entendre le chant des oiseaux ou le brame du cerf. La vie sur Terre est menacée. À travers la disparition de milliers d’espèces, c’est de proche en proche la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes qui est en jeu, c’est le risque de ruptures d’équilibres porteuses de pandémies. La forêt amazonienne brûle encore, et, même si la victoire de Lula donne de l’espoir, les criminels climatiques ne vont pas désarmer si facilement. Et l’Amazonie n’est pas la seule. Les forêts stockent 18 % du CO2 produit sur la planète. Le lien avec le changement climatique est évident. Ce que dit ici même Claire Nouvian, la fondatrice de l’ONG Bloom, de la destruction des fonds marins et de ses conséquences sur les ressources et sur le climat, est dramatique.

Les négociations internationales de Charm el-Cheikh (Égypte) ont vu les chefs d’État se disputer les premières places de défenseurs de l’environnement. Beaucoup en ­paroles. Il semblerait qu’ils n’ont pas fait des pieds et des mains pour être présents à Montréal. L’Europe vient avec un ob­jectif proclamé de 30 % de protection des écosystèmes marins, mais la pêche continue comme avant dans les zones protégées. La France se garde de toute intervention concernant la pêche industrielle, pendant que, dans le même temps, se forment des continents de déchets divers et de plastique. La mer, écrivait Baudelaire, est le miroir où nous contemplons notre âme. Ce n’est pas très beau à voir.

 

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