Lorsqu’en octobre 2021, l’État s’est vu condamné pour inaction climatique à la suite de la plainte d’un collectif d’associations regroupées au sein de « l’Affaire du siècle », nous pouvions espérer une certaine prise de conscience. L’État avait jusqu’au 31 décembre 2022 pour prendre « toute mesure utile » afin de compenser les excédents de GES émis sur la période 2015-2018 et changer la trajectoire. Nous voilà arrivés à l’échéance. Sans grand suspense, on est très loin du compte.
Que ce soit dans les transports, l’agriculture, la
rénovation thermique ou le développement des énergies renouvelables, dans aucun
des secteurs clés de la transition les efforts, quand il y en a eu, n’ont été
suffisants. Pire, alors que la France est censée arriver en 2030 à une baisse
de 55 % des gaz à effet de serre par rapport à 1990, elle atteint un catastrophique 0,3 % de baisse
sur l’année en cours.
C’est près de 5 % par an qu’il faudrait pour atteindre l’objectif ! Le Haut Conseil pour le climat a calculé un nécessaire
doublement du volume des baisses constatées les années précédentes. Plus on
attend, plus la marche est haute. Or, selon les associations, « si nous ne réduisons pas immédiatement nos émissions, nous allons atteindre des points de bascule qui vont provoquer
une accélération hors de contrôle du changement climatique ». Il n’est donc plus
temps de miser sur un (déjà trop faible) saupoudrage.
« Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas », disait pourtant le président-candidat, lors d’une des
rares périodes où il faisait des œillades à gauche. Impossible promesse sans changer
totalement de logiciel. Impossible pari sans pouvoir piloter la politique
énergétique en revenant à un pôle public et en sortant des ubuesques règles du
marché de l’énergie. Inatteignable gageure tant que la puissance publique
servira le marché plutôt que de le mettre au pas. Après sa condamnation, l’État
risque désormais de devoir payer une astreinte jusqu’à réalisation des
objectifs climatiques. Que de temps et d’argent perdus pour ce qui devrait
cesser d’être un perpétuel axe de communication pour devenir un motif d’action
permanente.
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