jeudi 29 décembre 2022

« Condamnés à agir », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Lorsqu’en octobre 2021, l’État s’est vu condamné pour inaction climatique à la suite de la plainte d’un collectif d’associations regroupées au sein de «lAffaire du siècle», nous pouvions espérer une certaine prise de conscience. L’État avait jusquau 31 décembre 2022 pour prendre «toute mesure utile» afin de compenser les excédents de GES émis sur la période 2015-2018 et changer la trajectoire. Nous voilà arrivés à l’échéance. Sans grand suspense, on est très loin du compte.

Que ce soit dans les transports, l’agriculture, la rénovation thermique ou le développement des énergies renouvelables, dans aucun des secteurs clés de la transition les efforts, quand il y en a eu, n’ont été suffisants. Pire, alors que la France est censée arriver en 2030 à une baisse de 55% des gaz à effet de serre par rapport à 1990, elle atteint un catastrophique 0,3% de baisse sur lannée en cours. Cest près de 5% par an quil faudrait pour atteindre lobjectif! Le Haut Conseil pour le climat a calculé un nécessaire doublement du volume des baisses constatées les années précédentes. Plus on attend, plus la marche est haute. Or, selon les associations, «si nous ne réduisons pas immédiatement nos émissions, nous allons atteindre des points de bascule qui vont provoquer une accélération hors de contrôle du changement climatique». Il n’est donc plus temps de miser sur un (déjà trop faible) saupoudrage.

«Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas», disait pourtant le président-candidat, lors dune des rares périodes où il faisait des œillades à gauche. Impossible promesse sans changer totalement de logiciel. Impossible pari sans pouvoir piloter la politique énergétique en revenant à un pôle public et en sortant des ubuesques règles du marché de l’énergie. Inatteignable gageure tant que la puissance publique servira le marché plutôt que de le mettre au pas. Après sa condamnation, l’État risque désormais de devoir payer une astreinte jusqu’à réalisation des objectifs climatiques. Que de temps et d’argent perdus pour ce qui devrait cesser d’être un perpétuel axe de communication pour devenir un motif d’action permanente.

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