François Bayrou est content. Il vient d’être nommé
secrétaire général du Conseil national de la refondation. Le président de la
République veut qu’il anime cet organe, qui sera officiellement installé le
8 septembre. Mais le maire de Pau est bien le seul à se réjouir. Car sa
nomination inquiète jusque chez les macronistes. Choisir pour cette nouvelle
instance celui qui est aussi haut-commissaire au Plan depuis septembre
2020 sonne comme un aveu d’échec. Le visage de ce CNR, qui devait incarner
une nouvelle façon de faire de la politique, est celui de quelqu’un qui est en
politique depuis près de quarante ans. Une nomination d’autant plus dommageable
qu’elle s’accompagne d’absences remarquées. Notamment celle de l’ancien premier
ministre Édouard Philippe, qui, tout à son ambition de jouer le coup d’après,
ne veut surtout pas s’associer à ce qui pourrait devenir le nouveau fiasco
politique de la Macronie.
Car, derrière ces considérations d’ordre politicien,
le CNR avait un véritable objectif politique. Le chef de l’État voulait en
faire l’outil d’évitement du Parlement. Ce « machin » devait permettre au pouvoir de faire porter aux
parlementaires d’opposition, et particulièrement à ceux des formations de la
Nupes, les responsabilités des « blocages » législatifs. Le problème est que cette « nouvelle méthode de concertation pour préparer les réformes » est loin d’être neuve. Elle n’est qu’un nouvel
avatar de la convention citoyenne pour le climat et du grand débat national
lancés après le mouvement des gilets jaunes. Dans un cas comme dans l’autre,
les propositions émanant de ces initiatives sont passées à la trappe.
Le CNR historique a inventé une nouvelle France autour
d’une ambition – les fameux « jours heureux » – et de propositions radicales qui ont permis la création
un modèle social, économique et démocratique novateur dans le cadre de
l’après-guerre. Le CNR selon Macron, lui, n’est qu’une coquille vide, une
énième tentative de contournement de la démocratie pour imposer un modèle
économique et social au seul service des riches.
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