À en croire les magazines, Emmanuel Macron est le
président français qui travaille le plus. « Réunion à 23 h 30, minuit, une heure du matin même », et pas forcément sur des dossiers urgents. Ses collaborateurs ou les
personnels du château ? Ils doivent suivre… Marche ou crève à l’Élysée, en quelque sorte. Derrière cette anecdote se révèle toute la conception de la société et des rapports
sociaux d’Emmanuel Macron. L’ambition du chef de l’État est de construire une
société au service des gagnants. Et ceux qui ne gagnent pas ? La
responsabilité de « l’échec » leur est
systématiquement renvoyée. « Ils ne font pas assez d’efforts et profitent d’un
système social trop généreux », nous explique-t-on. Emmanuel Macron ne manque
d’ailleurs jamais de vanter et de s’inspirer de ce qui se fait de pire ailleurs
en matière de social. Modèles allemand, suédois ou canadien sont agités et mis
en avant pour tenter de faire oublier que l’objectif est un retournement
complet de l’idée même de protection sociale. Il s’agit de faire accepter
l’idée que le « moderne » consisterait à prendre des risques. Ce serait « traverser la rue » afin de devenir « économiquement autonome » de tout dispositif social.
Pour masquer la violence d’une telle logique, le
président affirme que « verser une allocation ne suffit pas (…), ce qu’(il veut), c’est que chacun s’en sorte et retrouve sa dignité grâce au travail ». Chômeurs, précaires, retraités, tous sont soumis au logiciel néolibéral : plus de
pouvoir donné aux forces du marché, moins de dépenses
publiques et sociales, afin de baisser les prélèvements sur les « premiers de cordée ».
Ni les crises – gilets jaunes, Covid,
guerre – ni le fameux « quoi qu’il en coûte » n’ont changé l’essence du
macronisme. Le néolibéralisme demeure au cœur des décisions, à la fois sous son aspect financier, sous la priorité qu’il donne aux
marchés et aux entreprises, et enfin par sa faculté de
renvoyer chacun à son propre sort. Une société où le devenir de tout individu
est indexé sur sa réussite économique sur le marché, sans filet de sécurité ou
alors réduit au minimum possible pour les perdants. C’est précisément la
question d’une société bâtie sur des principes à l’opposé de ceux-là et des
moyens de la construire qui sera à l’ordre du jour des débats de la Fête de
l’Humanité.
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