mercredi 10 août 2022

« Bombance et austérité », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Il y a la propagande gouvernementale et il y a les faits. Des faits têtus. Prenons pour exemple le numéro de com ­auquel s’est livré Gabriel Attal pour survendre le budget 2023. Dans ­l’Hémicycle, le ministre ­délégué aux Comptes publics a promis lundi monts et merveilles à ses homologues de l’Éducation, du Travail, des Solidarités, de la Justice, de la Défense, de l’Intérieur, de la Transition écologique, de la Cohésion des territoires, de l’Agriculture, etc. « Une hausse inédite de 11,4 %», soit des milliards d’euros supplémentaires en perspective, a-t-il martelé. De quoi crier bombance en chœur! Enfin presque.

Car il y a les discours et les faits dont le fameux «en même temps», cher à Emmanuel Macron et à ses exécutants. Le jeune macroniste a dailleurs pris soin de préciser que l’extrême générosité de l’exécutif serait accompagnée d’une diminution générale de «2,5 % en volume». Dès lors, on est en droit de se demander dans quels portefeuilles l’exécutif compte taper. On le sait, les grandes fortunes ne seront pas mises à contribution. Pas question de ressusciter l’ISF, que la majorité sortante a aboli. Les grandes multinationales de transports et pétrolières ne seront pas non plus inquiétées, à une très courte majorité l’Assemblée nationale a voté contre l’instauration d’une taxe sur les «superprofits» et autres «bénéfices exceptionnels». Ce projet «denfer fiscal» de la Nupes, selon Gabriel Attal.

Il y a le libéralisme et la réalité à laquelle se heurtent les agents de l’État et des millions de foyers aux abois. Dans le champ lexical officiel, le mot austérité est un tabou. C’est pourtant cette machine de guerre antisociale qui s’appliquera dans le budget à venir, comme durant les années d’avant Covid. Elle saignera des secteurs publics déjà à l’agonie, après des décennies de coupes claires, comme le rappelle le cri d’alarme des sages-femmes, que nous relayons dans nos colonnes. Le Collège des sages-femmes dénonce les innombrables fermetures de maternités, l’absence de considération et de revalorisation salariale. Conséquence, 40 % des professionnels souffrent de burn-out. Ce sont là les faits, rien que les faits.

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