Il y avait quelque chose de grotesque dans la mise en
scène du discours prononcé, mardi, par Emmanuel Macron sur le tarmac de
l’aéroport d’Orly. Comme s’il était prêt à prendre la fuite. Du grotesque donc,
et du grossier. Après avoir dédaigné la présidentielle, Jupiter croyait pouvoir
enjamber les législatives. Le 12 juin, la réalité l’a rattrapé au vol. Ses
rêves de majorité absolue à l’Assemblée nationale ont du plomb dans l’aile
avec le score réalisé par la Nupes, qui entend transformer l’essai le
19 juin. « Parce qu’il y va de l’intérêt supérieur de la nation, je veux aujourd’hui vous convaincre de donner une majorité solide au pays », a-t-il déclaré, en se posant comme le propriétaire
des institutions, prétendument menacées par l’entrée massive de députés de la
gauche au Palais-Bourbon.
L’intérêt supérieur de la nation, ce serait donc lui
et non les millions de Français qui ont exprimé dans les urnes leur désir de
changement. « Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », a-t-il encore osé, agitant le spectre du chaos, si
d’aventure la gauche venait à bousculer ses desseins. Le désordre, ce sont
pourtant ces files d’attente d’étudiants au ventre creux devant les soupes
populaires. Le désordre, c’est le mépris pour un corps enseignant à bout
de nerfs qui a valu à l’ex-ministre macroniste de l’Éducation nationale de se
faire laminer dès le premier tour. Le désordre, ce sont encore ces blouses blanches
qui, épuisées, finissent par quitter un système de santé bradé
aux logiques de rentabilité.
Que dit encore le roi nu ? Que l’exercice démocratique ne vaut que si son parti l’emporte ! Il dénie à la gauche toute possibilité de victoire. En diabolisant ainsi son principal
adversaire, en faisant de lui un danger pour la République, Macron insulte
ses concitoyens qui préfèrent le progrès social au capitalisme de
dévastation qu’il incarne. Il craint de devoir composer avec la Nupes dans
le cadre d’une cohabitation. C’est pourtant là un scénario prévu par la
Constitution. Que cela lui plaise ou non.
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